Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

8 décembre 2021

Les Abymes

1 Commune, 1 Histoire

Sommaire

Présentation
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L’histoire des Abymes commencerait durant les périodes précolombiennes. Les quelques vestiges retrouvés dans ce lieu confirmerait le fait que ces terres seraient alors occupées à ces périodes. Les sondages effectués en 2006 par la DRAC ont mis à jour la présence d’un grand village au cours des années 1000 et 1200 après Jésus-Christ.

La ville telle qu’on peut la voir aujourd’hui daterait de 1756 et portait alors le nom de Vieux-Bourg. Elle commençait au niveau du cimetière de Pointe-à-Pitre pour se terminer à Morne Miquel. Ce lieu était insalubre et occupé par des marécages. C’est d’ailleurs de là que le nom actuel tirera son origine. C’est un roi de France, Louis XV, qui sera à l’origine de la création de cette paroisse. Le premier but était de pouvoir répondre aux attentes des habitants en matière de spiritualité. L’église était érigée sur le territoire que l’on nomme Morne Miquel.

Les Abymes a connu un passé très mouvementé et fut le théâtre d’évènements marquants et violents parfois. Les cyclones, les grèves importantes des ouvriers agricoles ainsi que la guerre esclavagiste ont laissé des empreintes.

En 1852, la ville sera réimplantée à 5 kilomètres de Pointe-à-Pitre, lieu où elle se trouve toujours. C’est aujourd’hui la commune la plus importante du pays.

Depuis 2008, c’est Éric JALTON, député-maire qui gère l’ensemble de la commune. Sa famille politique fait partie des divers gauches.
En mars 2014, il est réélu dès le premier tour pour un deuxième mandat.

On peut noter que quelques personnalités sont intimement liées à cette commune. Elles appartiennent en majorité au monde sportif, c’est le cas des athlètes Adrianna LAMALLE et Christine ARRON. Quelques footballeurs sont également originaires ou ont vécu dans cette ville. On en citera quelques-uns comme Thomas PHIBEL, Ronald ZUBAR, Livio NABAB ou David SOMMEIL. Le basket est également à l’honneur avec comme représentants Michel MORANDAIS, Miguel GELAS, entraineur, Ludovic VATY ainsi que Florent et Mickaël PIÉTRUS. Le rugbyman Philippe GUILLARD, la joueuse de tennis Nathalie DECHY et le judoka Teddy RINER ne peuvent pas être oubliés dans cette liste. Quelques artistes sont aussi liés à cette ville et c’est le cas du très célèbre Kery JAMES mais aussi du saxophoniste Jacques SCHWARZ-BART, bien connu dans l’univers du jazz ainsi que Blackartel et Admiral T, artistes à tendance plutôt reggae.

Histoire et Patrimoine

La dénomination d’Abymes vient sans doute du mot latin « abyssus » signifiant « abîme ». A l’arrivée des colonisateurs, ce territoire était couvert de palétuviers et de mangliers. Les premiers Pères, notamment Du Tertre et Breton, ont dû être impressionnés par tant de palétuviers, de mangliers et de marécages…

Toujours est-il que la paroisse voit le jour en 1726, ainsi que le précise Jules BALLET :

« L’accroissement des cultures à la Guadeloupe se portait alors à la Grande-Terre, et des établissements nouveaux s’étaient fondés on si grand nombre, dans la partie située non loin de la baie du Petit-Cul-de-Sac, que le Roi, pour satisfaire aux besoins spirituels des habitants, fonda, dans le courant de l’année 1726, la paroisse des Abymes, dont l’église s’élevait sur le plateau du petit morne compris aujourd’hui dans l’enceinte du territoire de Pointe-à-Pitre et appelé Morne Miquel. Un Curé y fut établi, et le Roi lui alloua 540 livres par an. » (1)

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  1. La Guadeloupe. Renseignements sur l’histoire, la flore, la faune, la minéralogie, l’agriculture, le commerce, l’industrie, la législation, l’administration », Tome 2, Jules BALLET, page 115.

Dans cette grande région où l’on fait pousser la canne, des sucreries ont été construites. On en comptera une vingtaine à la fin du 18ème siècle.

Eglise du Bourg des Abymes aujourd’hui

La première église des Abymes était située primitivement sur le Morne Miquel où on pouvait encore en observer des vestiges au début du XXe siècle. Déplacée à la fin du XVIIIe siècle, elle fut détruite par le terrible tremblement de terre de 1843 et reconstruite en 1846.

Originellement, elle était dédiée aux saints apôtres Pierre et Paul. Quand la Pointe-à-Pitre prit l’importance d’une grande ville, le bourg des Abymes se déplaça pour s’installer là où il se trouve présentement. La paroisse des Abymes laissa ses Patrons veiller aux destinées de la Pointe-à-Pitre et, dès 1735, elle s’appela paroisse de N.-D. de Bon-Encontre. De nos jours, elle est sous le patronage de l’Immaculée Conception, tandis que le sanctuaire qui, en face de l’église, domine le morne, est sous le titre de N.-D. de Guadeloupe.

Mais la paroisse avait un inconvénient majeur : elle ne possédait aucun accès direct à la mer. Le fond du Petit-Cul-de-Sac n’était encore qu’un marécage et Sainte-Anne centralisait le commerce de la Grande-Terre. En 1748, les habitants des Abymes décidaient de construire une chaussée reliant le bourg à la côte, vers le Petit-Cul-de-Sac, préfiguration de ce qui sera plus tard le faubourg Frébault.

En 1834, on fonda, sur le territoire des Abymes, un hôpital privé : l’Hôpital Sainte-Elisabeth, aujourd’hui disparu. Sous la Restauration, les Abymes et la Pointe, y compris le Gosier, déjà peuplé et florissant en 1691, ne formaient qu’une seule paroisse, dont, en 1816, M. DEBELLON était curé. Les Abymes peuvent se glorifier d’avoir été la cellule-mère de la ville de Pointe-à-Pitre, laquelle a été formée du démembrement des Abymes et du Gosier. 

 

Comme la plupart des autres quartiers, celui des Abymes fut érigé en commune par le décret colonial du 20 septembre 1837. La première élection eut lieu le 7 décembre 1837 et le maire fut nommé par le gouverneur de la Guadeloupe dans les jours qui suivirent, puis installé dans sa fonction d’édile le 1er janvier 1838.

Le premier maire, un trésorier d’état-major, était le sieur VERNIAS. (2)

 

Hôtel de ville des Abymes

Au XXe siècle, le bourg des Abymes est frappé dans sa chair par des évènements tragiques :

– la guerre de 14-18 où 43 abymiens perdent la vie. Un monument commémoratif de ce sacrifice, commandé par le maire de la commune, Max CLAINVILLE-BLANCOURT, pour un montant de 136 000 francs est installé sur la place de la Liberté d’alors (actuelle place Frédéric JALTON) et inauguré le 26 décembre 1937, en présence de Félix Éboué gouverneur de la Guadeloupe à l’époque. Ce monument aux morts est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 10 décembre 2013, signé par la préfète de région Marcelle PIERROT. Haut d’environ six mètres, c’est un obélisque, dont le pyramidion ressemble à un obus. Sur l’une des faces, au-dessus de l’inscription « La commune des Abymes reconnaissante à ses enfants héroïques morts pour la Mère Patrie 1914-1918 » se tient une Marianne triste et recueillie, une couronne de lauriers dans les mains. Sur une deuxième face, une Marianne noire tient dans ses bras un homme mort ou mourant, noir également. Elle porte son regard sur une troisième face où le même homme, nu, tient à la main un fusil. Sur le socle du monument figurent les 43 noms des morts auquel il rend hommage.

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  1. Naissance de l’institution communale en Guadeloupe : le décret colonial du 20 septembre 1837, Jack CAÏLACHON, page 42.

 

Le Monument aux Morts sur la place principale des Abymes

– le cyclone de 1928 : comme toutes les communes de la Guadeloupe, les Abymes subissent les conséquences du passage, le 12 septembre 1928, du cyclone de classe IV qui aurait fait plus de 1200 victimes.

– la répression d’une grève des ouvriers de la canne en 1930 (2 morts).

C’est le long d’un boulevard reliant les Abymes à Pointe-à-Pitre, dénommé pour la circonstance Boulevard des Héros, qu’ont été installés les images mémorielles des figures de la lutte pour la liberté de 1802 : IGNACE, DELGRES et SOLITUDE. Ce boulevard qui passe devant le plus important lycée de Guadeloupe, permet d’y voir une vaste fresque de 150 mètres qui orne le mur d’enceinte et l’entrée de l’établissement.

 

Fresque du lycée de Baimbridge

 

Issue d’une commande publique, cette fresque fut mise en place en 1998 à l’occasion du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France. Ses auteurs : les artistes guadeloupéens LEOGANE, CHOMEREAU-LAMOTTE, BASTAREAU, entre autres, des élèves en arts plastiques du lycée, des élèves de l’École d’art du Lamentin et quelques jeunes tagueurs de Pointe-à-Pitre.

Elle évoque la traite, à partir d’images d’époque ou plus récentes, de films, mais aussi l’habitation coloniale, avec son moulin à vent et sa « rue cases-nègres », ainsi que la résistance des guadeloupéens DELGRES et IGNACE lors du rétablissement de l’esclavage en 1802. Le morne où succomba IGNACE est d’ailleurs tout proche et donne son nom au lycée.

 

La mulâtresse Solitude

 

Centre culturel de Sonis

 

Un des quartiers les plus importants des Abymes est le Raizet, ancienne cité-dortoir devenue cité-jardin et dotée d’une première aérogare en 1965, puis d’une seconde qui a été achevée en 1996 et a pris le nom d’aéroport de Guadeloupe-Pôle Caraïbes, mais conserve le code français PTP qui évoque Pointe-à-Pitre ; il est doté d’une piste de 3 500 m admettant les gros porteurs. En 1970 atterrit le premier 747, annonçant ainsi le développement touristique de la Guadeloupe.

Aujourd’hui, c’est le premier aéroport des DOM-TOM pour le nombre de passagers avec environ 2 millions de voyageurs par an.

 

Les locaux de l’ancien aérogare maintenant abandonnée

 

Le nouvel aérogare

 

Les personnalités nées aux Abymes

Christy CAMPBELL dit Admiral T : Auteur, compositeur et interprète.

Christine ARRON : championne du monde du relais 4 × 100 m en 2003, et détentrice depuis 1998 du record d’Europe du 100 mètres.

– Justine BENIN : Députée de la Guadeloupe.

– Laurent BERNIER : Maire de Saint-François.

– Sarah DANINTHE : médaillée de bronze aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, elle a remporté deux fois le titre de championne du monde avec l’équipe de France d’épée féminine en 2005 et 2008.

Frédéric JALTON : Député européen, député de la Guadeloupe et maire des Abymes.

– Eric JALTON : Député de la Guadeloupe et maire des Abymes.

Teddy RINER : Judoka, détenteur d’un record de dix titres de champion du monde, champion olympique à Londres en 2012 et à Rio de Janeiro en 2016, médaillé de bronze à Pékin en 2008, quintuple champion d’Europe.

– Mickaël MARAGNES dit Misié SADIK : Chanteur de dancehall.

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