Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

8 décembre 2021

Les Abymes

Entre mémoire et modernité

Sommaire

 

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La dénomination d’Abymes vient sans doute du mot latin « abyssus  signifiant abîme ». A l’arrivée des colonisateurs, ce territoire était couvert de palétuviers et de mangliers.

L’histoire des Abymes commencerait durant les périodes précolombiennes. Bien avant l’arrivée des Européens, les terres des Abymes étaient occupées par des Amérindiens. Les sondages archéologiques menés en 2006 par la DRAC ont mis au jour un vaste village daté des XIᵉ et XIIᵉ siècles, confirmant l’ancienneté du peuplement de la zone.

Le nom « Abymes » viendrait du latin abyssus, signifiant « abîme », et évoque la nature marécageuse du territoire, couvert autrefois de palétuviers et de mangliers. Les premiers missionnaires, Du Tertre et Breton, furent frappés par cette immensité de marécages.

Toujours est-il que la paroisse voit le jour en 1726, ainsi que le précise Jules BALLET pour répondre aux besoins spirituels des colons établis dans cette partie de la Grande-Terre:

« L’accroissement des cultures à la Guadeloupe se portait alors à la Grande-Terre, et des établissements nouveaux s’étaient fondés on si grand nombre, dans la partie située non loin de la baie du Petit-Cul-de-Sac, que le Roi, pour satisfaire aux besoins spirituels des habitants, fonda, dans le courant de l’année 1726, la paroisse des Abymes, dont l’église s’élevait sur le plateau du petit morne compris aujourd’hui dans l’enceinte du territoire de Pointe-à-Pitre et appelé Morne Miquel. Un Curé y fut établi, et le Roi lui alloua 540 livres par an. » (1)

  1. La Guadeloupe. Renseignements sur l’histoire, la flore, la faune, la minéralogie, l’agriculture, le commerce, l’industrie, la législation, l’administration », Tome 2, Jules BALLET, page 115.

De la paroisse à la commune

Dédiée aux apôtres Pierre et Paul, la première église des Abymes était située primitivement sur le Morne Miquel. On pouvait encore en observer des vestiges au début du XXe siècle.

Déplacée à la fin du XVIIIe siècle, elle fut détruite par le terrible tremblement de terre de 1843 et reconstruite en 1846 sous le patronage de l’Immaculée Conception.

Comme la plupart des autres quartiers, les Abymes sont érigés en commune le 20 septembre 1837. La première élection eut lieu le 7 décembre 1837 et le maire fut nommé par le gouverneur de la Guadeloupe dans les jours qui suivirent, puis installé dans sa fonction d’édile le 1er janvier 1838.

Le premier maire, installé en janvier 1838, fut le sieur Vernias, trésorier d’état-major. Dès lors, le bourg devient l’un des centres névralgiques de la Guadeloupe.

Comme beaucoup de communes, celle des Abymes fut érigé en commune par le décret colonial du 20 septembre 1837. La première élection eut lieu 7 décembre et le maire fut nommé par le gouverneur de la Guadeloupe dans les jours qui suivirent, puis installé dans sa fonction d’édile le 1er janvier 1838.

Le premier maire, un trésorier d’état-major, était le sieur VERNIAS.

En 1852, la ville sera réimplantée à 5 kilomètres de Pointe-à-Pitre, lieu où elle se trouve toujours. C’est aujourd’hui la commune la plus importante du pays.

Histoire mouvementée

Comme beaucoup de communes de l’archipel, les Abymes subissent les drames du XXᵉ siècle :

  • 1914-1918 : 43 Abymiens tombent au champ d’honneur. Un imposant monument aux morts, inauguré en 1937 en présence de Félix Éboué, rend hommage à leur sacrifice. Il est aujourd’hui inscrit aux Monuments historiques.
  • 1928 : le cyclone du 12 septembre dévaste la commune et endeuille l’île. Les Abymes subissent les conséquences du passage du cyclone de classe IV qui aurait fait plus de 1200 victimes.
  • 1930 : la répression d’une grève des ouvriers agricoles fait deux morts.


Le Monument aux Morts sur la place principale des Abymes

Fresque du lycée de Baimbridge

 

En 1998, à l’occasion du 150ᵉ anniversaire de l’abolition de l’esclavage, une fresque monumentale a été réalisée au lycée de Baimbridge, à Pointe-à-Pitre. Cette commande publique a donné naissance à une œuvre unique de 150 mètres, devenue un véritable repère de mémoire.

Le projet a réuni les artistes guadeloupéens Léogane, Chomereau-Lamotte et Bastareau, ainsi que des élèves en arts plastiques, des étudiants de l’École d’art du Lamentin et de jeunes graffeurs de Pointe-à-Pitre. Ensemble, ils ont construit une œuvre collective qui allie transmission et créativité.

La fresque retrace l’histoire coloniale et ses résistances. On y voit la traite négrière, les habitations avec leur moulin à vent, la « rue cases-nègres », mais aussi les combats héroïques de Delgrès et Ignace contre le rétablissement de l’esclavage en 1802.

Le morne où succomba Ignace, tout proche, rappelle le sacrifice de ces figures de liberté.

Au-delà du mur, cette mémoire s’inscrit aussi dans l’espace public. Le Boulevard des Héros, reliant Les Abymes à Pointe-à-Pitre, rend hommage à Ignace, Delgrès et Solitude.

La fresque de Baimbridge se lit ainsi comme un mur de mémoire, rappelant aux générations que la liberté fut conquise de haute lutte et doit rester vivante.

L’essor moderne

Un des quartiers les plus importants des Abymes est le Raizet, autrefois cité-dortoir devenue cité-jardin. C’est là qu’un tournant majeur survient en 1965, avec la construction de la première aérogare, marquant l’entrée de la Guadeloupe dans l’ère du transport aérien moderne.

En 1970, l’atterrissage du premier Boeing 747 symbolise l’ouverture de l’île aux long-courriers et annonce le développement du tourisme.

En 1996, une nouvelle aérogare est inaugurée et prend le nom d’Aéroport Guadeloupe – Pôle Caraïbes. Avec sa piste de 3 500 mètres, il accueille les gros porteurs et devient le plus fréquenté des DOM-TOM, avec près de deux millions de passagers par an.

Véritable porte d’entrée internationale, l’aéroport place la commune des Abymes au cœur du développement touristique et économique de la Guadeloupe. Il est le symbole d’une île connectée au monde, ouverte sur la Caraïbe, l’Europe et les Amériques.

En 2024, il est rebaptisé Aéroport International Maryse Condé, en hommage à la grande romancière guadeloupéenne. Ce nouveau nom associe désormais ce lieu de passage incontournable à la mémoire, à la culture et à l’identité d’une Guadeloupe fière de ses figures littéraires.

Une terre de talents

Les Abymes sont aussi un vivier de personnalités remarquables, dans le sport, la culture et la politique :

  • Sportifs : Christine Arron (record d’Europe du 100m depuis 1998), Teddy RINER (dix fois champion du monde de judo, double champion olympique), Nathalie Dechy (tennis), David Sommeil, Ronald Zubar, Livio Nabab, Thomas Phibel (football), Florent et Mickaël Piétrus (basket), Ludovic Vaty, Michel Morandais, Sarah Daninthe (escrimeuse médaillée olympique).
  • Artistes : Admiral T (Christy Campbell), Jacques Schwarz-Bart (saxophoniste de jazz), Kery James, Misié Sadik, Blackartel.
  • Personnalités publiques : Frédéric JALTON (député, maire), Éric Jalton (député-maire depuis 2008), Justine Benin (députée), Laurent Bernier (maire de Saint-François).

Les Abymes aujourd’hui

Avec près de 60 000 habitants, les Abymes sont aujourd’hui la commune la plus peuplée de Guadeloupe. À la fois héritière d’un passé marqué par les luttes et témoin de la modernité avec son aéroport et ses équipements, elle reste un territoire vivant, où s’entrelacent mémoire, culture et dynamisme

 

Sources

Encyclopédie des communes des Antilles Guyane

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