Max ELIZÉ
&
Le Snack ELIZÉ
Il y a quelques jours à peine, nous évoquions un lieu incontournable de la ville de Pointe-à-Pitre, la rue FRÉBAULT, vaste rue commerçante et rue la plus ancienne de la ville.
En Martinique, à Fort-de-France il existe aussi un lieu de passage bien connu de tout un chacun.
Il s’agit du snack Elizé dignement ancré dans le patrimoine martiniquais.
Rares sont les martiniquais qui ne sont pas passés au moins une fois de leur vie au snack Elizé.
Une sortie au cinéma l’Olympia, une ballade sur la savane et hop c’était l’occasion de se restaurer dans ce lieu très convivial, et ce bien avant l’ère du grand M…
Voici son histoire …
Le snack Elizé voit le jour en Avril 1969 au pied du cinéma l’Olympia, à Fort-de-France. Il portait au départ le nom de snack Elizé-Matillon en référence à Denise MATILLON, femme de Max ELIZÉ.
La famille ELIZÉ est une famille de mulâtres. Ils descendent d’une esclave prénommée Élise. A l’abolition, Élise prendra le nom d’Élizé. La famille a réchappé de peu à l’éruption de la montagne Pelée en 1902. Leur aïeul Augustin, Charpentier de marine, a embarqué de justesse sur le dernier bateau quittant saint-Pierre.
Augustin et son épouse auront 8 enfants dont Maxence et Raphaël.
Raphael ELIZÉ sera le premier maire noir de l’hexagone. Il officiera sur la commune de Sablé dans la Sarthe.
Maxence ELIZÉ, le père de Max, ancien banquier, ancien épicier, décide d’ouvrir dans sa commune de Saint-Pierre une petite salle qu’il baptise en toute modestie l’Elysée.
Très vite, il comprend qu’il doit développer son affaire et s’intéresser à Fort-de-France, le chef-lieu.
En 1939, Maxence ELIZÉ loue à la municipalité de Fort-de-France le théâtre de la ville. Il y reçoit Louis JOUVET, Jean-Louis BARRAULT. Il s’intéresse à l’art lyrique et monte « La Tosca ».
Jacques BREL, Charles AZNAVOUR, Dalida, Pierre PERRET se produiront aussi aux Antilles. Mais les temps changent, la chanson française ne fait plus recette et la municipalité crée son propre festival.
Maxence décide de développer sa propre affaire et lance donc sa première salle de spectacle. Suivront le Ciné-Théâtre et l’Olympia à Fort-de-France et la salle de tante Elmire à Trinité. Il continuera aussi en Guadeloupe et en Guyane.
Par la suite, Max reprendra la succession de son père en développant le concept de cinéma confort.
Sa femme Denise est une femme dynamique et ingénieuse. Elle cherche un moyen pour rentabiliser l’entreprise de son mari et surtout de nourrir les amateurs de cinéma.
Dans l’arrière-cour de l’Olympia, avec l’aide d’une assistante, elle commence à éplucher des pommes de terre, qui, une fois transformées en frites sont vendues en barquettes dans les salles obscures. Le succès est immédiat.
Elle accompagne régulièrement son mari dans ses déplacements à Miami et Porto-Rico. Au cours d’une séjour à Miami, elle découvre le snacking.
En avril 1969, le premier Snack Elizé voit donc le jour. Il est alors déjà très novateur pour l’époque. Ils sont les premiers à proposer des burgers version créoles, sandwiches qui affichent très rapidement leur identité avec leur sauce pimentée.
Puis la gamme s’élargit. Les jus locaux font leur entrée, comme les viandes grillées ainsi que les indétrônables brochettes de rognons.
En 1991, la marque compte quatre restaurants : deux à Fort-de-France, un à Ducos et un autre à Schœlcher.
A la même période le « grand M » s’installe sur l’ile. Puis d’autres enseignes concurrentes entre 2005 et 2011.
Malgré tout, avec son esprit créole le snack Elizé maintient le cap et parvient à résister face à ses adversaires redoutables.
Aux « produits standards » de ces mastodontes du burger, le Snack Elizé répond authenticité, proximité, saveurs locales. Les produits sont élaborés principalement à partir de produits locaux, mêmes les salades sont aussi revisitées.
La clientèle est avant tout familiale car chaque génération, s’y retrouve. D’ailleurs beaucoup ont grandi avec la marque, et l’ont vu évoluer.
En avril 2019, l’enseigne a fêté ses 50 ans d’existence.
Aussi, c’est donc avec une grande tristesse et une certaine nostalgie que nous apprenons la fermeture de ce premier magasin et que nous tenions à lui dédier cette page car qu’on le veuille ou non le snack Elizé c’est une partie de la Martinique !!
Cependant, la relève est tout de même assurée par la génération descendante.
Aujourd’hui, Jean-Max et Fabienne ELIZÉ perpétuent cette story familiale au travers d’un groupe qui se diversifie de plus en plus dans le domaine du média et de la restauration rapide.
Le complexe Madiana en est un bel exemple.
Alors, entre le « big mac » et le « Super Madras » quel serait votre choix ?
Source
https://www.martinique.franceantilles.fr
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