Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

26 juillet 2020

HENRY SIDAMBAROM
(1863-1952)

Sommaire

Biographie

Henry Moutou  Allamélou SIDAMBAROM est né le 5 juillet 1863 en Guadeloupe, plus précisément sur l’Habitation Source Pérou, Capesterre-Belle-Eau.

Il est le fils de Joseph SIDAMBAROM, immigré indien originaire de la ville de Kombalonam en pays Tamoul en Inde du Sud et de Allamélou.

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Sa famille est arrivée d’Inde en 1854 à bord du bateau « l’Aurélie » pour travailler dans les champs de cannes. Ses parents se marient le 8 juillet 1873, à Capesterre-Belle-Eau. Henry est le cadet d’une fratrie de 7 enfants, 5 garçons et 2 filles.

Un élève brillant !

Scolarisé très tôt, il se révèle être d’une brillante intelligence, et intègre dès l’âge de 7 ans l’Institution des Frères de Ploërmel, dont il devient rapidement un élève hors-pair. Pourtant, il doit abandonner ses études à l’âge de 17 ans pour rejoindre son père, profondément ébranlé par la mort de sa mère.

Il entre alors dans l’administration, en tant que Commis au Bureau Central de l’Immigration de Capesterre-Belle-Eau, où il donne entière satisfaction, puis accède au grade supérieur où il s’occupe des dossiers des immigrants indiens. Il découvre des irrégularités dès leur départ de l’Inde mais il a le devoir de discrétion en sa qualité de fonctionnaire.

Après avoir passé trois ans au service de l’Immigration, il décide de rejoindre la ville de Pointe-À-Pitre, au 79, Boulevard Frébault, où il va exercer le métier de commerçant négociant.

Son père étant gravement malade, il doit retourner à Capesterre-Belle-Eau, pour s’occuper des affaires familiales.

En 1882, il épouse Rose Juliette NAREMBIN, indienne née également à Capesterre-Belle-Eau. De leur union naîtront 7 enfants. Sa femme l’encourage dans tous ses projets.

M & Mme Henry Sidambarom
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Initié à la Franc-Maçonnerie en 1883, par la Loge des Disciples d’Hiram de Pointe-à-Pitre, il démontre un vif intérêt pour la politique, s’inscrit au parti socialiste fondé par Hégésippe LÉGITIMUS en Guadeloupe, et collabore au journal « La Vérité » en tant que journaliste.

En juin 1897, il est élu aux élections municipales de la ville de Pointe-a-pitre sur la liste de Charles DÄNAE. Malgré sa participation remarquée au sein du Conseil Municipal, il aspire à l’indépendance et refuse de se présenter aux élections cantonales.

En 1899, il retourne dans sa commune natale pour y construire sa maison et s’occuper des affaires de son père gravement malade. Ce dernier meurt en 1901 et Henry prend alors sa succession. Il tient une épicerie, une quincaillerie et un magasin de matériaux et de construction. Il construit un cinéma théâtre de 300 places et une boulangerie coopérative.

Il continue comme précédemment à Pointe-À-Pitre à aider et à conseiller sans distinction tous ceux qui le sollicitent. Il devient un homme populaire et respecté dans sa commune. Il fonde une société mutualiste de secours pour les travailleurs « l’obole des travailleurs ».

Henry fréquente de grands hommes politiques, Le Sénateur Adolphe CICÉRON, Le député du 1er arrondissement de la Basse-Terre Gaston Gerville RÉACHE, ainsi que le député Gratien CANDACE et bien d’autres encore. Autodidacte, il se cultive auprès de ces hommes célèbres.

1ère trahison

En 1900, l’usine Marquisat située à Capesterre-Belle-Eau est mise en vente à la barre du Tribunal de Pointe-à-Pitre, suite au décès de son propriétaire.

Tous ses amis et ouvriers de l’usine l’encouragent à faire l’acquisition en lui assurant leur solidarité de travailleurs. Il se porte acquéreur pour la somme 375 000 francs. L’avocat du Crédit Foncier lui demande de verser le montant sous huitaine, payable en numéraire ou en bons de la Défense nationale sinon la vente sera déclarée nulle pour cause d’insolvabilité.

Henry attend désespérément cette somme de sa banque à Paris. La trahison est de mise. Le pouvoir colonial est sans pitié pour un noir et de plus, fils d’immigrés indiens. Le Crédit Foncier en fait l’acquisition. Henry n’est pas l’homme à se laisser abattre. Il continue à œuvrer et devient en 1904 Président de la Ligue des Droits de L’homme et du Citoyen.

2nde trahison

En 1904, il s’inscrit sur la liste électorale en vue des élections municipales de Capesterre-Belle-Eau et fort de sa notoriété, Henry décide de faire inscrire des travailleurs indiens sur la liste électorale, créant ainsi un précédent historique.

Alerté par des notables et des propriétaires d’habitations de la Capesterre-Belle-Eau, le gouverneur, le Vicomte Armand de la Loyère demande aux Maires de la Commune de faire radier les indiens sur le registre électoral, prétextant qu’ils sont des sujets britanniques et non des français.

En tête de liste Henry SIDAMBAROM remporte les élections municipale de la ville et doit être élu ; Suite à une manœuvre de sa propre liste, il se retrouve écarté du résultat de cette élection, au prétexte qu’un indien ne doit pas être élu Maire de la commune et que l’économie sucrière risque de perdre la main d’œuvre indienne, qui ainsi émancipée, délaissera les plantations.

Au final d’une élection plus que douteuse, il ne parviendra pas à occuper le poste de Maire, pour lequel il avait été pourtant désigné et perd sa place au profit d’un mulâtre Célestin ANATOLE.

Tous les journaux de la colonie en font un gros titre : La Tribune libre, le Nouvelliste, le Citoyen. L’article fait état du texte suivant : Les indiens nés en Guadeloupe sont-ils français ? Les indiens et descendants d’hindous ne doivent pas être recensés et donc pas de service militaire. Déjà, des indiens sous les drapeaux avaient été renvoyés dans leur famille.

Henry est outré, il ne comprend pas cette injustice puisque les enfants indiens nés en Guadeloupe ont été déclarés sur un registre français à l’état civil de leur commune.

Révolté par cette trahison politique, il présente sa démission et devient Président de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Le 23 février 1904, une longue lutte contre l’administration Coloniale, qui nie ses droits électoraux et ceux de ses compatriotes d’origine indienne, s’engage alors.

Au cours d’un procès qui durera 20 ans (de février 1904 à avril 1923) et connu sous le nom de « Procès Politique », il reprochera à la République d’instituer des distinctions entre ses citoyens, et d’oublier sa devise de « Liberté Égalité Fraternité ».

Ce n’est qu’en 1923, que le Ministre des Affaires Etrangères, Président du Conseil des Ministres reconnait officiellement nationalité française aux indiens de Guadeloupe et à leurs descendants.

Vingt ans de lutte pour obtenir la citoyenneté française aux fils d’immigrés indiens. Grâce à sa persévérance, Henry SIDAMBAROM a gagné un procès politique pour les siens.

En 1944, à l’âge de quatre-vingt-un ans, il est nommé Juge de paix suppléant du canton de Capesterre-Belle-Eau, l’équivalent du Médiateur actuel de la République.

En 1948, le Conseil Municipal de Capesterre-Belle-Eau et le Conseil général de la Guadeloupe demandent conjointement que la Légion d’honneur lui soit attribuée. Malgré une réponse positive, cette distinction ne lui sera jamais décernée.

Henry est décédé le 15 septembre 1952 à Capesterre-Belle-Eau, à l’âge de 89 ans.

Après l’abolition de l’esclavage en 1848, une importante immigration indienne est introduite en Guadeloupe par les colons européens pour le travail de la canne à sucre, et restera longtemps considérée comme une population étrangère de citoyenneté britannique.

Humaniste et charismatique, homme illustre et de grande de valeur,
Henry SIDAMBAROM s’est battu pendant de très nombreuses années pour la reconnaissance des droits civiques des indiens de Guadeloupe et de leurs descendants.
Chacun d’entre nous devrait rendre hommage à cet homme de mérite HENRY SIDAMBAROM !!

Sources

https://www.zinfos974.com/Henry-Sidambarom-l-indigne-de-Pointe-a-Pitre_a58852.html http://www.montraykreyol.org/sites/default/files/dossier_de_presse_2013_annee_sidambarom.pdf

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