RAPHAEL ELIZE
(1891 – 1945)
Sa jeunesse
Jean-Marie Joseph Raphaël Elizé est né 4 février 1891 au Lamentin en Martinique.
Son père Anselme Augustin Elizé, fonctionnaire des impôts, est né à Sainte-Rose en Guadeloupe. C’est un franc-maçon notoire. Raphaël est issu d’une fratrie de 8 enfants.
Son grand-père paternel Gustave Elizé est un mulâtre. Il sera tout d’abord maitre charpentier de marine puis conseiller municipal sur la commune de Sainte-Rose. Né esclave, il sera affranchi en 1832 à l’âge de 9 ans avec sa mère prénommée Elise, d’où le patronyme Elizé.
Du côté maternel, on trouve également des esclaves mais aussi des blancs créoles dont Pierre-Timothée Le Camus, procureur de la Martinique reconnu pour être un esclavagiste notoire.
La famille Elizé échappe de très peu à l’éruption de la montagne Pelée. Quelques jours avant l’explosion qui anéanti Saint-Pierre, son père avait fait évacuer toute sa famille de Saint-Pierre vers Fort-de-France puis vers le Diamant.
Ruinée mais saine et sauve, la famille s’installe alors à Paris où Augustin est nommé dans le plan d’aide de secours aux sinistrés de Saint-Pierre.
Agé de 11 ans, Raphaël suivra les cours aux lycées Montaigne, Saint-Louis et Buffon. Ses parents repartent en Martinique en 1910. Pendant ce temps, baccalauréat en poche, Raphael est admis au concours à l’école vétérinaire de Lyon où les études sont gratuites
Première guerre mondiale
Il obtient son diplôme en juillet 1914, un mois avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Sablé-sur-Sarthe
En octobre 1919, il décide de s’installer à Sablé-sur-Sarthe, une charmante commune de la Sarthe. La commune réputée pour son élevage de chevaux et de bovins n’a aucun vétérinaire. Il vient tout juste de se marier avec Caroline Hayot, une métisse martiniquaise tout comme lui, rencontrée à Paris. Son épouse et lui sont alors les seuls noirs de la ville.
Il va alors s’intégrer progressivement dans la société locale devenant vice-président des Comices agricoles, administrateur de la Caisse d’épargne, président des Anciens combattants et de l’organisme des logements sociaux.
Sa carrière politique
Il entre en politique en adhérant en 1924 à la section locale de la SFIO.
Sa liste est battue aux élections municipales de 1925 mais il entre néanmoins au conseil municipal, dans l’opposition. Les socialistes, alliés aux radicaux, remportent de justesse l’élection municipale de 1929 et Raphaël Elizé devient le premier métis et le premier Antillais maire d’une commune métropolitaine.
En 1935, il est réélu. Cette même année, il est mandaté pour représenter l’Association des maires de France pour les célébrations du 300e anniversaire du rattachement des Antilles à la France, son premier retour à la Martinique depuis qu’il en était parti enfant.
Il se rend alors à Saint-Pierre dont le maire est son jeune frère Maxence Elizé et lui apporte tout son soutien.
De retour à Sablé il met en place de nombreuses actions qui permettent d’améliorer la qualité de vie de ses administrés.
On lui doit à Sablé-sur-Sarthe la création d’un cours préparatoire et d’un service de pédiatrie, «La Goutte de lait », une maternité, une maison du peuple pour les syndicats, une cantine communale, un terrain de football et la première piscine homologuée de l’ouest de la France.
Seconde guerre & résistance
Le 3 septembre 1939 il est mobilisé en tant que vétérinaire à Hirson dans l’Aisne avec le grade de capitaine, il sera démobilisé en 1940.Démis de ses fonctions par les nazis pour des raisons raciales il reçoit l’autorisation de rentrer chez lui à Sablé sur-Sarthe. Il tente alors de reprendre ses fonctions de maire mais cela lui est refusé car la ville se trouve alors en zone occupée par les allemands qui jugent inconcevable que la ville soit dirigée par un homme de couleur.
Destitué par le préfet vichyste de la Sarthe, Elizé reprend son métier de vétérinaire et rejoint la résistance dans le réseau Buckmaster, à partir du printemps 1943. Sa fonction de vétérinaire de la Kommandantur et le fait qu’il puisse se déplacer lui permettent d’obtenir de nombreuses informations.
Mais ce réseau va être démantelé par la Gestapo.
Dénoncé et arrêté le 13 septembre 1943, Raphaël Elizé passe quelques mois à la prison d’Angers, puis au camp de Royallieu, près de Compiègne, avant d’être finalement déporté à Buchenwald le 17 janvier 1944.
Il est grièvement blessé lors du bombardement allié de l’usine d’armement allemande de la Gustloff-Weimar le 9 février 1945 et meurt à Buchenwald le soir même.
Son épouse décèdera de chagrin, un an après son mari, en 1946
La reconnaissance
Pour marquer sa mémoire, la place de la mairie de Sablé porte son nom depuis la fin de la guerre.
En 2011 au Mans, une place à son nom est inaugurée (quartier de l’université).
Un timbre à l’effigie de Raphaël Elizé a été créé par La Poste en 2013.
Deux lycées portent son nom le premier à sablé-sur-sarthe et le second à Torcy en région parisienne.
Une rue à son nom a été inaugurée le 12 novembre 2014 dans sa commune natale du Lamentin.
Raphaël Elizé était un passionné de cultures dans la culture (littérature, poésie, peinture). Féru de musique classique et de photographie, pionnier dans ce domaine, il avait installé son propre laboratoire photo à son domicile.
Fervent partisan de l’espéranto il a œuvré pour son développement au sein de toutes les écoles.
Homme remarquable et apprécié de tous, Raphaël Elizé a marqué assurément notre histoire !!
Sources
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