Médard ARIBOT
(1901- 1973)
Sommaire
Des origines africaines
Fils de Marie-Thérèse ARIBOT et de Médard KUNU un africain venant du Congo, Médard ARIBOT est né à Sainte-Luce en Martinique le 9 juin 1901.
Sa mère, originaire de la commune de Rivière-Pilote, est journalière.
Médard habite la plupart du temps seul, dans une grotte, à l’Anse Cafard, face au Rocher du Diamant.
Un parcours marginal
C’est un homme discret et taciturne qui vit de menus larcins et de la vente de ses sculptures en bois.
Ses sujets de prédilection sont la représentation du Rocher du Diamant, des navires et des portraits. Les créations de cet autodidacte ont beaucoup de succès. Son talent est reconnu.
On lui doit notamment la création d’une sculpture du roi Béhanzin.
En 1923, il est condamné pour vol suivi d’une récidive de vol qualifié 3 ans plus tard.
En 1925, aux élections municipales le Colonel de Coppens, propriétaire de la distillerie de DIZAC se présente à la Mairie du Diamant.
Devant la fraude organisée pour assurer son élection, les Diamantinois manifestent leur mécontentement et affrontent les forces de l’ordre qui gardent la Mairie. A cette époque les joutes politiques se finissent en bagarres à coup de gourdin, mais ce 25 mai 1925, les évènements vont déraper lors 2ème tour des élections municipales.
A la remise de l’urne qui doit être emmenée à Fort-de-France pour dépouillement, une émeute s’ensuit. La gendarmerie ouvre le feu sur la foule. Le Colonel de Coppens est assassiné ainsi que 9 autres personnes et plusieurs blessés sont comptabilisés. Pendant les manifestations, le buste du colonel est brandi par une population échauffée, en signe de résistance. On appelle ces évènements « la Guerre du Diamant ».
En décembre 1927, Médard ARIBOT est à nouveau condamné à 6 mois de prison et à 5 ans d’interdiction de séjourner sur la commune du Diamant.
Son envoi à Cayenne
En 1933, il est de nouveau arrêté pour vol et condamné au bagne à perpétuité.
Officiellement, on lui reproche ses larcins, mais en réalité sa condamnation est due au fait d’avoir sculpté un « portrait en bois » à l’effigie du Colonel de Coppens, assassiné quelques années auparavant.
Cette condamnation d’une très grande sévérité entraîna son envoi en Guyane comme bagnard, avec des conditions de vie souvent épouvantables.
Il passe ainsi plusieurs années dans un cachot minuscule, qui sera plus tard la source d’inspiration de sa maisonnette qui prendra le nom de « maison du bagnard ».
A la fermeture du bagne de Cayenne en 1945, Médard est libéré et s’installe quelques temps près des rives du Saint-Laurent. A sa demande, il sera rapatrié en Martinique en 1953.
Il y reprend ses activités de sculpture.
Médard ARIBOT meurt dans l’indifférence et le dénuement le plus total, le 17 octobre 1973 à l’âge de 72 ans.
De lui on garde le souvenir de sa toute petite maisonnette aux couleurs vives, construite en 1960 face à la mer, aux pieds du Morne Larcher dans la commune du Diamant. Il y habitera jusqu’à sa mort.
Lieu d’histoire incontournable de la commune du Diamant, « la Maison du bagnard » est désormais inscrite depuis peu dans un programme de réhabilitation.
https://youtu.be/cklISZFNndc
Sources
Médard Aribot : Martinique A nu (martiniqueannu.com)
- Richard Price, 2000, Le bagnard et le colonel, PUF, Paris
- Espace muséographique Bernard-David
- https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM97200078
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