Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

14 novembre 2022

Léon de LEPERVANCHE

(1907- 1961)

 

    

Vincent Paul Marie Simon Léon de Lepervanche est né le 21 novembre 1907 dans une famille aisée de Saint-Denis à la Réunion

Son enfance

Son père Vincent de Paul Lepervanche, préparateur de vanille, décède alors qu’il a à peine 2 ans.

Sa mère, Zélie Bédier, femme très pieuse, tient à lui donner une solide éducation et l’inscrit à l’unique lycée de l’île, le lycée Leconte-de-Lisle à Saint-Denis où il fréquente de jeunes nantis comme lui.

Le jeune de Lepervanche est un brillant élève mais ne voulant plus être un poids pour sa mère il décide d’arrêter ses études.

A l’âge de 16 ans, il quitte le foyer familial et se fait embaucher en tant que journalier à la Compagnie des Chemin de Fer et du Port de la Réunion (CPR) où il rencontre Raymond Verges. Il gravit les échelons et obtiendra le grade de facteur-chef, poste qu’il occupera jusqu’à son départ du CPR en novembre 1938.

Le militant

Influencé par la lecture des ouvrages de Karl Marx, Léon de Lepervanche s’engage dans la vie syndicale

Cheminot, il milite contre les licenciements abusifs et participe activement à la fondation du puissant syndicat « La Fédération Réunionnaise du Travail » (FRT).

Cette fédération  regroupant 37 syndicats va mener durant trois années des luttes sans merci pour obtenir des droits similaires à ceux de la métropole : journée de huit heures, deux semaines de congés payés, caisse de retraite, allocations familiales, suppression de l’engagisme…

Léon de Lepervanche s’impose alors comme un leader incontesté. Il anime des cellules communistes et orchestre la résistance durant ses déplacements en train.

Le 1er septembre 1936, un mouvement social mobilise les dockers et les cheminots. Ces derniers revendiquent une égalité des accords de Matignon votés à Paris. Ils réclament notamment ‘égalités de leurs traitements mais ils n’obtiennent pas gain de cause. Nouvelle grève de protestation en octobre 1936, les négociations s’enlisent. Pour montrer sa force, la FRT organise, le 11 novembre 1936, une grande marche à Saint-Denis.

Venus de l’île entière, les militants défilent pour « La Paix, Le Pain et La Liberté » en scandant « Vive le Front Populaire » et « Vive La Réunion département français ». Le succès est considérable.

Agent du CPR, Léon de Lepervanche est particulièrement bien placé pour constater les terribles ravages causés dans l’île par son dramatique sous-équipement et la grande misère de sa population. Ces ravages sont la cause directe d’un taux effrayant de la mortalité infantile (369 pour 1000 en 1934) et d’une espérance de vie à la naissance qui n’atteint pas 50 ans à cette époque.

Il se joint spontanément à la poignée d’hommes engagés dans le difficile combat visant à obtenir le respect des droits fondamentaux de leurs concitoyens, notamment pour le droit au travail et à un salaire décent, pour le droit à la santé, au moins la possibilité d’accès aux soins, le droit à l’éducation, au logement…

Il entend également apporter sa contribution à la lutte contre toutes les atteintes aux libertés et contre toutes les formes d’arbitraire et de violence.

C’est donc tout naturellement qu’il rejoint à la Ligue des Droits de l’Homme, le docteur Raymond Vergès, le prince Vinh-San (empereur d’Annam exilé à La Réunion), l’inspecteur des douanes Jean Hinglo, l’instituteur Benjamin Hoarau, les frères Lucas pour ne citer que ceux-là.  En aout 1938, une nouvelle grève éclate. Parties des usines de cannes, les revendications se propagent grâce au chemin de fer qui relie les usines aux docks. Le mouvement gagne du terrain et s’amplifie dans toute l’île. Le patronat cède et lui demande de regagner son poste, chose qu’il  refuse en solidarité pour ses camarades.

Le 21 novembre 1938, jour de ses 31 ans, il est licencié de la compagnie.  Privé d’emploi et démuni, il n’abandonne pas pour autant ses convictions et devient vendeur de manioc.

 Héros durant la guerre

Pendant l’Occupation en métropole, le gouverneur de La Réunion Aubert se range du côté de Pétain. Léon de Lepervanche fait le choix inverse et s’engage dans la résistance.  

En juillet 1941, il est mis sous haute surveillance par le gouverneur Aubert. Ses actions de militant et ses prises de position dans la presse le conduisent directement devant le Tribunal de Saint-Denis qui le condamnera à trois mois de prison et 50 francs d’amende.

Mais sa prise de position la plus importante reste celle du  28 novembre 1942, lors de l’arrivée à La Réunion des Forces Françaises Libres (FFL).

Léon prend la tête de la révolte contre les troupes pétainistes basées au Port. Il  marche sur la mairie avec ses camarades et contraint le maire pétainiste, Léon Coaquette, à la démission. muni du titre de commissaire du peuple, il est un des premiers à monter à bord du Léopard, bateau contre-torpilleur, venu libérer l’île et apparait comme le libérateur de la Réunion.

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Sa carrière politique

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Léon de Lepervanche se présente avec succès aux élections municipales du 27 mai 1945 au Port, puis aux cantonales du 7 octobre 1945 dans le canton de Saint-Paul

De mai 1946 à novembre 1946, il occupera le poste de Président du Conseil Général.

Le 21 octobre 1945,il est également élu à l’Assemblée nationale constituante avec le soutien du Parti Communiste.

Membre de la commission, en tant que Député, il sera cosignataire avec Raymond Vergès, Léopold Bissol, Aimé Césaire et Gaston Monnerville, d’un projet de loi qui aboutira le mardi 19 mars 1946, a la  départementalisation des îles.

Dans un télégramme envoyé le 14 mars à La Réunion, il annonce

«Honneur annoncer Réunion département français» 

Avec  Raymond Verges, ils participeront à la création du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale (CRADS) puis à la fondation de la Fédération Communiste de La Réunion, en novembre 1947

Le 25 janvier 1949, Léon de Lepervanche est nommé à la Commission de la défense nationale, puis à la Commission de la presse et à celle de l’intérieur. Il dépose peu de textes mais  intervient régulièrement en séance, sur les sujets concernant son département ou autres départements d’outre-mer.

Réélu député de La Réunion le 10 novembre 1946, Léon siègera au Palais Bourbon jusqu’au 17 juin 1951.

Le parti communiste étant en net recul, Léon de Lepervanche décide de rentrer définitivement à la Réunion où il se consacrera totalement à ses mandats de Conseiller Général et de Maire du Port jusqu’à sa mort le 14 novembre 1961.

La reconnaissance

Une rue du Port, située près de l’église, lieu de son modeste logement, porte désormais son nom.

Le lycée du Port porte son nom.

En 2007, pour le centenaire de sa naissance une stèle est érigée à sa mémoire.

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Léon de Lepervanche a voué sa vie entière à la défense des droits et égalités de tous les Réunionnais. Résistant et militant, cet homme humble qui a refusé les honneurs est un véritable exemple.

Sources

Léon, Vincent de Paul, Marie, Jules, Simon de Lepervanche – Base de données des députés français depuis 1789 – Assemblée nationale (assemblee-nationale.fr)

Léon de Lépervanche, le défenseur de l’Humain d’abord ! – Imaz Press Réunion

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