Léon COMPÈRE dit Léandre
(1874 – 1936)
Qui est Léon COMPERE ?
Léon COMPÈRE dit Léandre est né à Saint-Pierre en 1874, soit 26 ans après la proclamation de l’abolition de l’esclavage dans la ville.
Cordonnier, il habitait dans le quartier du mouillage au pied du morne Abel. Sa maison est située à l’angle du Boulevard et de la rue de la Fontaine, un peu plus au sud de la prison de la ville.
Sa demeure était précédée d’une cour et d’un jardin et n’avait pas vue directe sur la Montagne Pelée. Cela lui permettait ainsi d’être abritée par un repli du morne Abel.
D’autres locataires, le greffier Monsieur DELAVAUD, sa femme, sa fille et son fils, habitent dans le même immeuble.
Le 8 mai, à 8 heures du matin, Léon COMPÈRE est devant sa porte, regardant la rade lorsque brusquement il ressent un vent violent venant du Nord. Les arbres du jardin sont brusquement déracinés et il n’a que le temps de rentrer chez lui. Il s’aperçoit alors qu’il est brûlé aux mains, au visage et à la jambe gauche.
L’obscurité est tombée sur Saint-Pierre, bien qu’il ne soit que 8h du matin. Une grande quantité de cendres pénètre dans sa chambre et leur chute sur la toiture en tôle fait un grand bruit.
COMPÈRE terrifié, se réfugie sous une table. A ce moment, la famille DELAVAUD entre dans la chambre ; tous sont grièvement brûlés, la petite fille meurt aussitôt. Au bout de vingt minutes, l’obscurité cesse et COMPÈRE passe dans la chambre voisine. Il y trouve Monsieur DELAVAUD père mort, la tête et les coudes appuyés sur son lit ; ses habits sont intacts.
Il se rend alors dans la cour et voit sur la cendre chaude les cadavres enlacés du fils DELAVAUD et de son amie Flavia. Leurs vêtements sont brûlés.
Léon COMPÈRE se réfugie à nouveau dans sa chambre jusqu’au moment où, la maison ayant commencé à flamber, il se sauve par le Boulevard ; il voit pendant ce temps son gilet de tricot de laine, accroché contre un mur, s’enflammer spontanément.
Pendant sa fuite, il ne rencontre aucun être vivant mais de nombreux cadavres sont couchés sur la route près de Trouvaillant. La ville flambe de toutes parts.
Léon COMPÈRE se réfugie à Fonds-Saint-Denis, d’où il est transporté à l’hôpital de Fort-de-France.
Voici son témoignage :
Le matin du 8 mai, j’ai senti un vent terrible souffler, la terre a commencé à trembler et le ciel est devenu soudainement sombre dans la maison.
J’ai gravi à grand peine les trois ou quatre marches qui me séparaient de ma chambre et j’ai senti mes bras et mes jambes qui me brûlaient, ainsi que mon corps.
Je me suis laissé tomber sous la table. A ce moment, quatre personnes sont entrées se sont réfugiés dans ma chambre en pleurant. Et se tordant de douleur bien que leurs vêtements ne montrèrent aucun signe d’avoir été touchés par la flamme.
Au bout de 10 minutes l’un d’eux, la jeune fille de monsieur DELAVAUD, âgée d’environ 10 ans, tomba morte ; les autres partirent.
Je me suis levé et je suis allé dans une autre pièce où j’ai trouvé le père DELAVAUD, encore vêtu et couché sur mon lit, mort. Il était violet et gonflé, mais ses vêtements étaient intacts.
Fou et presque vaincu, je me suis jeté sur un lit, inerte et en attente de la mort. J’ai repris mes esprits au bout d’une heure environ quand j’ai vu le toit brûler.
Avec le peu de forces qui me restaient les jambes saignantes et couvertes de brûlures, j’ai couru me réfugier jusqu’à Fonds-Saint-Denis, à six kilomètres de Saint-Pierre.
Dès sa sortie de l’hôpital, Léon COMPÈRE tient à être incorporé dans la milice chargée d’empêcher les pillages dans la ville anéantie.
Le 20 mai 1902, après une semaine de service, il quitte la ville et reprend la direction de Fort-de-France.
ll finit par s’installer au Morne-Rouge, mais un autre nuage se déversa le 30 août 1902. Il sera de nouveau l’un des rares survivants.
Homme discret, Léon COMPÈRE continuera sa vie en Martinique où il décédera en 1936 suite à une chute.
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