AIME FERNAND CESAIRE
Neg fondamental
1913-2008
Sa jeunesse
Aimé Fernand David Césaire est né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe en Martinique.
Il est issu d’une famille modeste mais instruite de sept enfants. Son père Fernand est contrôleur des impôts. Sa mère, Félicité est couturière et s’occupe du foyer.
Boursier, Aimé suit des études au lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France où il obtient son baccalauréat et le « Prix de l’élève le plus méritant ». Durant sa scolarité, il se lie d’amitié avec Léon Gontran-Damas qui deviendra par la suite son camarade de lutte.
Son parcours
Paris foyer de conscience et de révolte
En 1931, Aimé a 18 ans quand il quitte son île natale pour s’installer à Paris. Il obtient une bourse et poursuit ses études en prépa littéraire au prestigieux lycée puis l’École Normale Supérieure (ENS), haut lieu de la pensée française.
A Louis-le-Grand il se lie d’amitié avec Léopold Sédar Senghor. Ensemble les deux hommes rejoints par Léon Gontran-Damas, Léonard Sainville et Aristide Maugée participeront à la création de la revue Légitime Défense.
Les premiers écrits d’Aimé Césaire y seront publiés
Aimé Césaire qui fréquente aussi le salon littéraire des sœurs Nardal prend alors conscience de l’aliénation culturelle qui caractérise les sociétés coloniales martiniquaises et guyanaises. Lors de ces cafés littéraires, il rencontre également le sénégalais Alioune Diop, et les guadeloupéens Paul Niger et Guy Tirolien.
Il y fait aussi la connaissance de Suzanne Roussi qui deviendra sa femme.
En 1934, avec Suzanne Roussi et ses coéquipiers, Césaire lance le journal « L’Etudiant noir » puis la revue « Présence Africaine » au cours duquel le concept de « négritude » apparait pour la première fois.
Cette revue deviendra une maison d’édition qui publiera plus tard, les travaux de l’égyptologue Cheikh Anta Diop, les romans et nouvelles de Joseph Zobel et bien d’autres…
En 1935, après avoir réussi le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure (ENS), il part en vacances d’été, en Yougoslavie avec son ami Petar Guberina, et commence à rédiger le Cahier d’un retour au pays natal. Ce poème-monde bouleversera la poésie francophone et noire du XXe siècle.
En 1936, il lit Lecture d’Histoire de la civilisation africaine, de Frobenius, qui lui révèle le passé historique de l’Afrique et du monde noir.
En 1937, Aimé Césaire épouse Suzanne Roussi. Le couple aura six enfants, 4 garçons et deux filles.
1938, verra la naissance 1938 de leur premier fils Jacques Césaire.
Retour en Martinique
En 1939, Aimé Césaire retourne en Martinique où il devient professeur de français et de littérature classique au Lycée Schœlcher de Fort-de-France.
On retrouvera parmi ses élèves certains tels qu’Edouard Glissant ou encore Frantz Fanon. Sa femme, Suzanne Césaire enseigne au Lycée Technique de Bellevue
La même année 1939, verra la naissance de son deuxième fils, Jean-Paul mais cette année-là, c’est surtout aussi la publication de son ouvrage majeur le cahier d’un retour au pays natal.
En 1940, l’Amiral Robert devient gouverneur de la Martinique. Cet homme fera subir une lourde période de souffrance au peuple martiniquais. L’année suivante Césaire et son épouse fondent avec René Ménil et Georges Gratiant la revue « Tropiques », espace de résistance littéraire face à l’administration coloniale de Vichy.
Cette revue deviendra une maison d’édition qui publiera plus tard, les travaux de l’égyptologue Cheikh Anta Diop, les romans et nouvelles de Joseph Zobel.
Durant la guerre, il écrit, pense et prépare son engagement politique. Il est de plus en plus convaincu que la poésie doit s’accompagner de l’action.
1941 sa femme Suzanne donne naissance à leur troisième fils, Francis.
En 1942, le couple accueillera leur quatrième enfant, une fille prénommée Ina.
En Juin 1943, la Martinique rallie la France Libre. Durant cette période Césaire séjourne en Haïti où il donnera plusieurs conférences. Cela influencera la création de ses pièces dont la Tragédie du roi Christophe et Toussaint Louverture.
Une longue carrière politique au service de son peuple
En Mars 1945, Aimé Césaire est élu maire de Fort-de-France, une fonction qu’il occupera sans interruption jusqu’en 2001.
En novembre de la même année, Aimé Césaire est élu député de la Martinique sous l’étiquette du Parti communiste français (PCF). Il s’installe à Paris dans le Quartier latin.
Quelques mois plus tard, il deviendra Conseiller Général, mandat qu’il gardera jusqu’en 1949.
En 1946, Césaire est rapporteur pour la loi du 19 mars 1946 « dite loi de départementalisation » visant à transformer les colonies de la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane française et la Réunion en départements d’outre-mer (DOM).
Cette avancée juridique marque son engagement en faveur d’une égalité de droits, même s’il en dénoncera plus tard les limites.
En 1950, il publie le « Discours sur le colonialisme« , texte fondateur qui dénonce les crimes et les hypocrisies de l’impérialisme européen. Ce pamphlet radical fait de lui une figure centrale de la pensée anticoloniale dans le monde.
Sa pensée se trouve au carrefour de trois influences : la philosophie des Lumières, le panafricanisme et le marxisme.
«Entre colonisateur et colonisé, il n’y a de place que pour la corvée, l’intimidation, la pression, la police, le vol, le viol, le mépris, la méfiance, la morgue, la suffisance, la muflerie. […] On me parle de progrès, de “réalisations”, de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes. Moi je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, de cultures piétinées […], de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées».
En 1952, Césaire et son épouse accueillent leur dernier enfant, une fille prénommée Michèle.
En 1953, Césaire se rend à Moscou pour les obsèques de Staline. Il intègrera par la suite le Parti Communiste.
Député de la Martinique durant de très nombreuses années, Aimé Césaire mettra un terme à une longue carrière parlementaire en 1993. Il occupera la fonction de maire de Fort-de-France jusqu’en 2001, soit 56 années
Rupture avec le communisme et affirmation d’un projet martiniquais
En 1956, Aimé Césaire claque la porte du Parti communiste français, refusant son aveuglement face au totalitarisme soviétique.
Il écrit alors une lettre célèbre à Maurice Thorez « Il y a dans le monde des ghettos politiques comme il y a des ghettos raciaux.
En 1957, il fonde avec son ami de toujours Pierre Aliker le Parti Progressiste Martiniquais (PPM), pour défendre un modèle autonome de développement pour la Martinique, adapté à ses réalités sociales, culturelles et économiques.
Il œuvre pour la reconnaissance des spécificités antillaises au sein de la République française.
Militant engagé
En 1956,Césaire participe au premier Congrès des écrivains et artistes noirs à Paris où il fait un discours mémorable sur l’impact de la colonisation.
L’homme du monde noir
Dans les années 60, Aimé Césaire voyage en Afrique et en Haïti.
Il participe au Festival des Arts nègres à Dakar au Sénégal et fera connaissance avec Sékou Touré, Président de la République de Guinée.
Il participe également à la Conférence des peuples noirs et soutient la décolonisation en Afrique et en Asie.
En 1963, Césaire témoigne lors du procès de jeunes militants de l’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise), réaffirmant son soutien à la jeunesse martiniquaise en quête de justice.
L’écrivain
Césaire commence à écrire en 1936. Très jeune, il prend conscience de son identité noire. il publie des pièces majeures où il donne la parole aux figures emblématiques de l’histoire noire : La Tragédie du Roi Christophe (1963), « Une Saison au Congo ».
Père du mouvement de la négritude, c’est sur un cahier d’écolier que les mots de la colère, de la révolte et de la quête identitaire donneront naissance à son œuvre poétique majeure, « Cahier d’un retour au pays natal« .
L’ouvrage sera publié en 1939, date de son retour en Martinique puis réédité en 1947 avec une préface d’André Breton, ce texte devient une pierre angulaire de la littérature noire et anticolonialiste. Il ne s’agit pas d’un simple récit du retour d’un homme dans son île natale : c’est un poème incantatoire, une plongée dans l’histoire, la souffrance et l’espoir des peuples noirs.
À travers ce cri poétique, Césaire redonne dignité à ceux que l’Histoire a niés. Il élève la douleur de l’aliénation au rang de matériau littéraire.
Aimé Césaire refuse la neutralité. Pour lui, écrire, c’est prendre position. C’est pourquoi ses poèmes sont aussi politiques que lyriques.
Il s’attaque à l’hypocrisie coloniale, à l’injustice sociale, à la déshumanisation. Il écrit pour guérir les mémoires blessées, pour réconcilier les peuples avec leur histoire, pour réveiller les consciences endormies.
Dans ses recueils tels que « Soleil cou coupé » (1948), « Cadastre » (1961), « Moi, laminaire » (1982) ou encore « Ferrements » (1960), il continue d’explorer la négritude, le temps, l’exil, la résistance et la beauté de l’être noir. Ces poèmes ne cessent d’affirmer que la poésie peut être un espace de réconciliation intérieure et collective, une arme de vérité face à l’oubli.
Le Dramaturge
A partir de 1956, Aimé Césaire s’oriente vers le théâtre avec la production de plusieurs pièces.
Avec « Et les chiens se taisaient« , il explore les drames de la lutte de décolonisation. « La tragédie du Roi Christophe » (1963), est l’occasion de revenir à l’expérience haïtienne, en mettant en scène les contradictions des pays décolonisés et celles de leurs dirigeants.
« Une saison au Congo » (1966) raconte la tragédie de Patrice LUMUMBA, père de l’indépendance du Congo Belge.
« Une tempête » (1969), traite de l’identité raciale et de l’aliénation coloniale.
« Moi, Laminaire » (1982) et « La poésie » (1994) sont ses derniers livres.
En 1997, Césaire participe à la première conférence hémisphérique des peuples noirs à Miami. Il y prononcera son discours sur la négritude.
Au total Césaire a publié plus de quatorze œuvres, recueils de poésies, pièces de théâtre et essais.
Il y affirme que le mot « nègre », loin d’être une insulte, est devenu pour lui un emblème de fierté, de combat, de renaissance.
Sa disparition
Le 17 avril 2008, Aimé Césaire s’éteint à Fort-de-France à l’âge de 93 ans.
Sa disparition provoque une onde de choc. Ses obsèques sont déclarées obsèques nationales, un honneur rare.
Le président Nicolas Sarkozy, accompagné de nombreux chefs d’État étrangers venus de toutes parts, des ministres et des figures du monde culturel, assistent à la cérémonie.
Son ami et compagnon de lutte Pierre Aliker prononce un discours d’adieu émouvant et solennel.
décédera le 17 avril 2008 à l’âge de 93 ans à Fort-de-France. Ses obsèques seront rendues nationales avec la présence du Président de la République, Nicolas Sarkozy, de plusieurs chefs d’état ou représentants de chefs d’état étrangers venus de toutes parts.
la reconnaissance
De 1994 à 1995, la cinéaste Euzhan Palcy réalise une série de trois films documentaires, sur le célèbre poète et homme politique, Aimé Césaire.
Son discours du colonialisme fut pour la première fois au programme du baccalauréat littéraire en 1995, avec le Cahier d’un retour au pays natal.
De nombreux édifices et lieux portent son nom.
En Martinique, l’aéroport international du Lamentin porte depuis le 15 janvier 2007, le nom d’Aimé Césaire.
A paris
Le Quai Aimé Césaire inauguré le 26 juin 2013, par le Bertrand Delanoë est situé dans le 1er arrondissement rive droite.
Rue aimé Césaire
Plusieurs bibliothèque et médiathèques Aimé Césaire situées différentes communes Paris 14e arrondissement, Plaine Commune, La Courneuve, Roissy, Montmorency)
Aubervilliers :
La station de métro Aimé Césaire de la ligne 12 du métro de Paris.
Rennes :
- Un espace social et culturel Aimé Césaire inauguré le 4 octobre 2010.
Marseille :
- Une rue Aimé Césaire inaugurée par George Pau-Langevin, Ministre des Outre-Mer, le 13 février 2015.
Tours :
- Une rue Aimé Césaire située dans la ZAC Monconseil
Gennevilliers :
- Espace culturel et social Aimé Césaire inauguré le 28 septembre 2013.
Clisson :
- Lycée Aimé Césaire inauguré le 8 avril 2015.
La Courneuve :
- La médiathèque Aimé Césaire inaugurée le 11 avril 2015.
Épinay-sur-Seine :
- Allée à son nom inaugurée le 17 octobre 2015.
Lille :
- Le lycée professionnel Aimé Césaire, rue Francisco Ferrer, inauguré le 29 janvier 2016.
Villeneuve-la-Garenne :
- La bibliothèque municipale s’appelle Aimé Césaire
Bordeaux :
- Un EHPAD s’appelle Aimé Césaire.
Mont-Saint-Martin inaugure le 28 septembre 2019 l’Espace polyvalent Aimé-Césaire
Le Kremlin-Bicêtre :
- le centre de loisirs Aimé Césaire a été inauguré le 7 juillet 2008.
Viry-Châtillon :
- MJC Aime Césaire 43
Nanterre :
- Boulevard Aimé Césaire
Evry
- Une école au nom d’Aimé Césaire a été inaugurée le 1er septembre 2016, dans la ville dans l’Essonne, en présence du Premier ministre Manuel Valls et de la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
Négritude : Aimé Césaire & Léopold Senghor
Sources
Les 20 dates de Césaire
26 juin 1913 : naissance d’Aimé Césaire à Basse-Pointe
1931 : élève au lycée Louis-le-Grand ; rencontre Léopold Sédar Senghor qui l’initie à l’Afrique.
1935 : crée à la Cité universitaire, L’Étudiant noir. ; reçu à l’École normale supérieure.
1939 : publication dans la revue Volontés, du Cahier d’un retour au pays natal.
1946 : élu maire de Fort-de-France et député de la Martinique sur la liste communiste. Les Armes miraculeuses, Paris.
1947 : crée avec Alioune Diop la revue Présence africaine. Cahier d’un retour au pays natal, avec une préface d’André Breton
1948 : Soleil coupé, Paris.
1949 : Corps perdu, Paris
1950 : Discours sur le colonialisme, Paris
1956 : Et les chiens se taisaient (version théâtrale), Paris. Rupture avec le parti communiste : Lettre à Maurice Thorez ; fonde le parti progressiste martiniquais.
1960 : Ferrements, Paris
1961 : Cadastre (refonte de Soleil cou coupé et de Corps perdu), Paris.
1962 : Toussaint Louverture, Paris.
1963 : La Tragédie du roi Christophe, Paris.
1967 : Une saison au Congo, Paris.
1969 : Une tempête, Paris.
1982 : Moi, Laminaire (poèmes), Paris. Grand prix national de la Poésie.
1989 : poète invité du Festival d’Avignon.
1991 : La Tragédie du roi Christophe entre au répertoire de la Comédie Française.
1994 : Aimé Césaire. La Poésie ; réédition de son œuvre poétique avec un recueil inédit : Comme un malentendu de salut, Paris
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