ACHILLE RENE-BOISNEUF
(1873-1927)
Son parcours
Fils naturel d’un ancien esclave émancipé en 1848 et d’une mulâtresse Achille RENE voit le jour le 9 novembre 1873 à Gosier en Guadeloupe.
Achille est le fils naturel de Hyacinthe Corvis BOISNEUF, nègre né esclave et d’une cultivatrice, Amanda Mathurine RENE. A l’abolition, son père parvient à acquérir un important patrimoine foncier et devient notable. Conseiller municipal, il sera élu maire du Gosier en 1900.
Hyacinthe BOISNEUF adoptera son fils le 5 avril 1897. Dès lors, il prendra le patronyme de RENE-BOISNEUF.
Achille fait de brillantes études secondaires au Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre où il obtient son baccalauréat avant d’y assumer pendant quelques temps un poste de maitre répétiteur.
En 1893 il se lance dans la politique en participant au « Comité de la jeunesse républicaine » fondé en 1891 par Hégésippe LEGITIMUS. Ce mouvement voit l’émergence d’un mouvement autonome nègre. En 1899, au Congrès socialiste du MOULE, il rompt avec Légitimus et quitte le parti socialiste. Avec Adolphe LARA, il fonde alors le Parti Démocratique.
En 1900, il est élu Conseiller Municipal de Pointe-à-Pitre sous l’étiquette du Parti démocratique. Héritier d’Alexandre Isaac il devient premier adjoint jusqu’à ce que Légitimus s’empare de la mairie en 1904.
En 1901, il est élu Conseiller Général. Il se bat sans relâche, parfois avec une extrême violence, contre Légitimus dans le cadre d’un parti l’Union Républicaine et d’une alliance avec Gaston Gerville-Réache.
En 1904, il lance son journal « Le Libéral ». Doté d’un fort tempérament énergique et provocateur, BOISNEUF n’hésite pas à payer de sa personne. Cela lui vaudra de nombreux démêles avec la justice.
En 1904, lors d’un déplacement vers la Basse-Terre, à bord du paquebot Martinique, il assomme d’un coup de tête le Secrétaire Général Fawtier.
En 1905, il est accusé d’avoir tiré un coup de feu sur un gendarme à Petit-Canal.A l’issue de cela, il sera emprisonné.
En 1906, dans le contexte de la lutte électorale acharnée qu’il mène contre Légitimus la situation va se durcir. Dans la nuit du 5 avril, les bureaux de son journal seront saccagés par des partisans de Légitimus. Ces derniers l’agresseront de nouveau, ,cette fois-ci, à son domicile. Boisneuf riposte par la suite en tuant deux hommes, MADERE et BONIL. Il sera de nouveaux emprisonné durant 4 mois. D’autres épisodes sanglants émailleront le parcours de René-Boisneuf.
Le 18 septembre 1906 Achille René-Boisneuf part en France pour préparer une licence en droit qu’il obtiendra en juillet 1909.
Avocat, il revient en Guadeloupe septembre 1909 et s’inscrit au Barreau de Pointe-à-Pitre. Il défend notamment les ouvriers en grève de l’usine sucrière Darboussier de Pointe-à-Pitre puis les ouvriers agricoles en grèves. Son appui intransigeant apporte une aide considérable aux grévistes qui malgré les fusillades de Capesterre, obtiendront gain de cause. Boisneuf gagne alors la confiance de la masse ouvrière.
Aux élections d’avril 1910, René-Boisneuf se présente contre Légitimus. Mais il sera battu à la suite de manœuvres électorales suspectes couvertes par l’adminstration.
C’est dans ce contexte electoral très tendu que se déroulent les affrontements de Petit-Bourg opposant un lieutenant de Légitimus contre des partisans de Boisneuf. On dénombrera 7 morts partisans de Boisneuf.
Cet épisode tragique n’entamera pas l’ascension de Boisneuf. Le 4 juin 1911, Achille René-Boisneuf devient Maire de Pointe-à-Pitre. Il occupera cette fonction jusqu’en 1922.
Le 16 novembre 1913, il devient Président du Conseil Général de la Guadeloupe jusqu’en 1915. En 1914, il est élu député de la Guadeloupe dans la circonscription de Grande Terre, il adhère alors au groupe radical et radical-socialiste et défend notamment l’extension de la législation ouvrière aux Antilles pour permettre aux ouvriers de s’organiser.
En 1915, il présente avec le député de la Martinique Joseph Lagrosillière, une loi réformant le statut de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Réunion.
Durant la première guerre mondiale René-Boisneuf s’engage mais il sera exempté de la circonscription de par sa sa qualité de député.
En 1919, il est réélu Député de la Grande-Terre tandis que Gratien CANDACE est élu Député de la Basse-Terre sous l’étiquette de l’Union républicaine et socialiste, mais lors des élections municipales du 21 décembre 1919, il est accusé de fraudes et en 1922, les élections sont annulées.
A partir de 1922 débute la « descente aux enfers » pour Achille René-Boisneuf.
Il perd la mairie , et en mai 1924, son mandat de député. Son ex-colistier, Gratien CANDACE, s’allie avec leur ancien adversaire JEAN-FRANCOIS. On doit ajouter que le gouverneur de l’époque, Jocelyn ROBERT n’est autre que l’ex-secrétaire de CANDACE.
Dans la nuit du 12 au 13 septembre 1924, une bombe éclate à Dampierre (Affaire Dampierre), une sucrerie située sur la route de sainte-Anne, après Gosier. On dénombre 4 morts et plusieurs blessés.
Achille René-Boisneuf est soupçonné. Il fera trois mois de prison avant d’être innocenté puis libéré.
Il redevient maire de Pointe-à-Pitre en 1925 mais décide de se retirer de la politique en 1926.,
Prématurément usé par toutes ses années de lutte, Achille René-Boisneuf meurt à Pointe-à-Pitre le 29 décembre 1927 à l’âge de 54 ans
HOMMAGE A SA MEMOIRE
Achille René-Boisneuf a beaucoup oeuvré pour sa ville. Une rue à Pointe-à-Pitre et aussi à Morne-à-L’eau portent son nom ainsi que la médiathèque à Pointe-à-Pitre.
Sources
- https://www2.assemblee-nationale.fr/
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