JULIETTE DODU
(1848 – 1909)
Sa jeunesse
Juliette DODU est née à Saint-Denis de la Réunion le 15 juin 1848.
Elle est la fille d’un chirurgien métropolitain, originaire de l’Indre, Lucien Alphonse DODU officiant dans la marine et d’une créole Augustine Marie Louise née DESAITRE de Pellegrin.
Deux ans après sa naissance, son père meurt de la fièvre jaune. Sa mère se remarie et donne naissance à deux autres enfants, Camille-Antoinette et Charles-Emile.
La famille alors ainsi recomposée fait quelques allers et retours entre la Réunion et la France. Une première installation en 1855, avec une installation à Paris et une rentrée en pension pour Juliette. En 1859, la famille retourne à la réunion et y restera 3 ans
En 1862, la famille repartent à Paris. Augustine, la mère devient institutrice dans un établissement de la capitale secondée par sa fille Juliette. Encore 2 allers-retours à la Réunion avant un retour définitif en France en 1869 suite au décès tragique de Charles-Emile, le demi-frère de Juliette.
Mme Dodu, devenue veuve à nouveau, obtient, un poste de direction grâce au soutien de l’impératrice Eugénie, au bureau télégraphique à Pithiviers. Juliette sera employée en tant qu’auxiliaire. Par la suite, elle deviendra directrice de l’établissement.
La résistance
En 1870, la guerre franco-prussienne oppose la France du Second Empire aux Allemands assemblés derrière le royaume de Prusse.
Après avoir occupé les régions françaises de l’est et du nord, les Prussiens arrivent dans le Loiret et à Pithiviers le 20 septembre 1870.
Les locaux du bureau du télégraphe sont immédiatement occupés par l’ennemi. Le matériel est réquisitionné. Les fils sont coupés.
La famille Dodu est repoussée au premier étage de la maison.
Les fils du télégraphe passent par une des chambres et Juliette y installe une dérivation, connecte au réseau un récepteur qu’elle avait conservé et rétablit une liaison en morse. Ainsi elle a accès à tous les messages télégraphiques entrants et sortants de l’ennemi qu’elle transmet intégralement aux forces françaises, par l’intermédiaire du sous-Préfet de Pithiviers.
Elle les informe également des faits et gestes des soldats prussiens dans Pithiviers. C’est de cette manière que les 40.000 soldats du Général Aurelle de Paladines en faction aux environs d’Orléans, ne tombent pas dans les pièges ennemis.
Ce petit jeu dure 23 nuits jusqu’au moment où au cours d’une dispute avec sa gouvernante, un occupant comprend ce que se disent les deux femmes.
Le stratagème de Juliette est découvert. Le récepteur télégraphique est confisqué. Elle est arrêtée et condamnée à la peine de mort.
A ce moment elle déclare » Je suis Française et ma mère aussi, j’ai agi pour mon pays. Messieurs, faites de moi ce que vous voudrez »
Heureusement pour Juliette, la guerre se termine quelques jours plus tard. Graciée par l’empereur de Prusse Frédéric-Charles qui trouve son acte audacieux. Elle sera libérée deux jours avant la signature de l’armistice.
Un décret sorti en 1870 offrit à Juliette Dodu, ainsi qu’à une vingtaine d’autres employés du service télégraphique, une mention honorable.
En 1873, Juliette DODU est nommée responsable du bureau télégraphique d’Enghien-les-Bains.
Elle rencontre le patron du journal Le Figaro qui lui dédiera un article sur ses actes de bravoure.
En 1877, sa mention honorable se transforme administrativement en une médaille militaire.
En 1878, symbole de la résistance française, Juliette Dodu est la première femme à obtenir la médaille militaire et être nommée Chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire .
En 1880, elle renonce au Service des Postes et devient inspectrice des écoles et des salles d’asile et s’installe à Clarens en Suisse.
Juliette DODU meurt le 28 octobre 1909 chez son beau-frère, le peintre Odilon REDON.
Son corps, ramené en France, est exposé au Val de Grâce. Elle reçoit des funérailles nationales.
La reconnaissance
Un timbre à son effigie
A Saint-Denis, une rue et un lycée de fille devenu collège porte son nom.
Plaque de la maison de Juliette Dodu
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