HIPPOLYTE MORESTIN
Pionnier martiniquais de la chirurgie plastique moderne
(1869-1919)
Son enfance et ses origines
Hippolyte MORESTIN est né à Basse-Pointe en Martinique le 1er septembre 1869.
Il est le fils du docteur Charles Amédée MORESTIN, (1837-1902) et de Marie Pauline BERTE (1844-1905). Il est le cadet d’une fratrie de 5 enfants, Charles, Léon, Marie Gabrielle et Amédée.
Son père, à l’époque, est déjà très réputé. En effet, il est chirurgien à l’hôpital civil de Saint-Pierre, ville phare de la Caraïbe qui sera entièrement détruite lors de l’éruption de la Montagne Pelée le 8 mai 1902.
Son frère Charles, ainsi que plusieurs membres de sa famille périront d’ailleurs dans cette tragédie.
Etudes et formation
Il passe sa jeunesse à Saint-Pierre, mais ses résultats scolaires jugés insuffisants conduisent ses parents à l’envoyer poursuivre ses études en France.
A Paris, il intègre le lycée Louis-le-Grand. Loin de son île natale et de sa famille, il compense en se lançant à corps perdu dans les études.
Il obtient son bac brillamment et envisage alors une carrière militaire, en tant qu’officier de marine.
Malheureusement sa constitution fragile ne lui permet pas d’intégrer un régiment. Déçu, mais déterminé, il se tourne vers la médecine et entre à la Sorbonne
Il passe avec succès ses examens puisqu’il est nommé interne des Hôpitaux de Paris en 1890, à l’âge de 21 ans.
En 1890, à seulement 21 ans, il réussit le concours d’interne des Hôpitaux de Paris.
Carrière médicale
Hyppolite Morestin devient rapidement l’un des élèves les plus prometteurs du professeur Paul Berger, chirurgien réputé de l’Hôpital Saint-Louis.
Il décide alors de s’orienter vers les opérations délicates du visage et de la mâchoire, un champ médical encore peu exploré.
Professeur d’anatomie à 23 ans, chirurgien des hôpitaux de Paris, agrégé de chirurgie en 1904, spécialisé dans la plastique du visage, son talent attire une renommée universelle.
A partir de 1905, il est LE chirurgien de l’hôpital Saint Antoine, puis de l’hôpital TENON en 1911, enfin de l’hôpital Saint Louis à partir de 1915.
Spécialiste des reconstructions faciales, MORESTIN met au point des techniques nouvelles et participe activement aux travaux de la Société de Dermatologie et Syphiligraphie, publiant dans de nombreuses revues médicales.
Grâce à son génie opératoire et à ses recherches, il acquiert une notoriété internationale et sera surnommé plus tard le « père de la chirurgie plastique moderne ».
Médecin des Gueules Cassées
La Première Guerre mondiale lui donne un rôle décisif. En 1915, mobilisé au Val-de-Grâce, il se voit confier le service des blessés au visage. Les soldats défigurés par les éclats d’obus lui valent le surnom de « père des Gueules cassées ».
« Ils n’avaient généralement plus de nez, plus de palais, simplement un trou au milieu de la figure ».
Son expertise sauve des milliers de vies et redonne une dignité à ces hommes mutilés.
Les chirurgiens viennent de l’extérieur, dans son service, assister aux opérations. Il écrira un volume sur la chirurgie des articulations, ouvrage où il décrira entre autres, une voie d’accès chirurgicale de l’articulation de l’épaule, que les étudiants apprennent encore de nos jours sous le nom de voie MORESTIN.
Précurseur de fortes avancées en matière de chirurgie maxillo-faciale, Hippolyte MORESTIN influence directement le chirurgien britannique Harold Gillies, futur fondateur de la chirurgie reconstructrice au British General Hospital à Rouen.
Il formera aussi des élèves brillants tels que Raymond Passot, Suzanne Noël ou encore Léon Dufourmentel qui lui succédera au Val-de-Grâce en 1919 et Thierry de Martel
Parmi ses patients célèbres figurent Sarah Bernhardt et même Al Capone, à sa demande expresse.
Décès prématuré
Epuisé par un travail incessant et fragilisé par la tuberculose, Hyppolite Morestin s’éteint le 11 février 1919 à l’hôpital du Val-de-Grâce, à Paris.
Son décès provoque une immense émotion dans le monde médical. Le 20 février 1919, la presse spécialisée publie un hommage vibrant à ce chirurgien d’exception.
Son héritage
L’œuvre du docteur Hyppolite Morestin dépasse largement le cadre de sa vie. En moins de trente ans de carrière, ce chirurgien martiniquais a marqué de son empreinte durable la médecine moderne et ouvert la voie à des générations de praticiens.
Ses recherches, ses publications et surtout ses innovations opératoires ont jeté les bases de la chirurgie maxillo-faciale et de la chirurgie plastique. Grâce à ses méthodes novatrices de greffes et de reconstructions faciales, il a transformé ce qui n’était jusque-là qu’une chirurgie de survie en un art réparateur, redonnant visages et dignité à ses patients.
A Basse-Pointe, sa commune natale, un buste commémoratif a été érigé pour rappeler l’apport exceptionnel de ce fils de l’île au progrès de la science.
Une des rues principales de la commune porte son nom.
Pour les Martiniquais et les Antillais, il incarne une figure d’orgueil, de mémoire et d’excellence.
La reconnaissance
À Paris, dans les grands hôpitaux militaires, son nom est associé aux milliers de soldats blessés qu’il a soignés pendant la guerre de 1914-1918. Ses collègues et élèves – parmi lesquels Suzanne Noël, future pionnière de la chirurgie esthétique féminine, et Georges Duhamel, écrivain et médecin – ont reconnu son génie, son humanité et son rôle visionnaire.
Aujourd’hui encore, Hyppolite Morestin est reconnu comme l’un des plus grands pionniers de la médecine, symbole de la contribution exceptionnelle de la Caraïbe à la science universelle.
Sources
0 commentaires