Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

6 janvier 2021

L’Habitation La Montagne

Berceau des rhums Depaz

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Un domaine historique 

Perchée sur les hauteurs de Saint-Pierre en Martinique, l’Habitation La Montagne naît en 1635 sous l’impulsion de Jacques du Parquet, gouverneur de la colonie et neveu de Belain d’Esnambuc

A ses débuts, le domaine « la Montagne » est un des tout premier domaine agricole de l’île. Il produit à l’époque de l’indigo et du tabac puis s’oriente vers la culture de la canne à sucre et le sucre raffiné.

Au fil du temps, la propriété change de mains. Elle est acquise par la famille Perez, des colons bordelais installés à Basse-Pointe. L’une de leurs filles, Marie Victoire Perez, épouse Joseph Pécoul alors modeste avocat originaire d’Aix-en-Provence .

Dès 1810, les Pécoul deviennent maîtres des lieux et le restent jusqu’en 1917, donnant leur nom à l’habitation que l’on surnomme alors « Pécoul – La Montagne » ou  « Pécoul – Saint-Pierre«  

De la sucrerie au rhum 

Face à la crise sucrière des années 1880, les Pécoul abandonnent leur sucrerie pour se tourner vers la production de rhum

La distillerie s’impose progressivement et prend le nom d’Habitation Perrinelle.

Plusieurs familles, dont celle de Victor Depaz, participent à son essor, contribuant au dynamisme de Saint-Pierre qui devient alors le premier port rhumier mondial, riche de 15 distilleries.

 

La tragédie du 8 mai 1902

Le 8  mai 1902, la Montagne Pelée entre en éruption. La ville de Saint-Pierre, surnommée « le Petit Paris des Antilles », est rasée.

Près de 30 000 vies sont fauchées, dont une soixantaine de membres de la famille Depaz.

Etudiant à Bordeaux, Victor Depaz apprend la terrible catastrophe en même temps que la disparition de toute sa famille. Orphelin, ruiné, il entreprend de s’installer au Canada.

Durant son périple, lors d’une escale en Martinique, il décide finalement de revenir à Saint-Pierre, sur l’habitation Perrinelle qui l’a vu naitre. Il rachète l’exploitation à la famille d’Aurigny.

 

La renaissance du domaine 

Le 8 Mai 1917, tout juste 15 ans après l’éruption, Victor Depaz rachète l’Habitation Perrinelle à la famille d’Aurigny. Avec 521 hectares de canne, il érige une nouvelle distillerie, irrigue ses terres grâce aux eaux de la Roxelane, et fonde les bases de ce qui deviendra la distillerie Depaz.

Le château Depaz

En 1920, il fait bâtir une demeure familiale, réplique de l’Habitation Perrinelle où il a passé son enfance, vite dénommée Château Depaz. Deux ans plus tard, il s’y installe avec son épouse et leurs onze enfants.

La reconnaissance ne tarde pas. En 1922, les rhums Depaz obtiennent leur 1ère médaille à Marseille. Ils sont récompensés par une médaille d’or à l’exposition de 1927 de la Rochelle. C’est le début d’une longue moisson de récompenses qui perdure encore aujourd’hui. 

Tout au long de sa vie, Victor Depaz n’a de cesse de développer les rhums qui portent son nom. Il occupera même la fonction de maire de Saint-Pierre de février 1941 à juillet 1943.
Il décède à Paris le  7  novembre 1960.

Une dynastie au service du rhum

 

De 1848 à 1989, les fils de Victor Depaz prennent le relais de leur père. André et Raoul Depaz modernisent la production de la canne à sucre et améliorent la distillerie que tout le monde appelle désormais distillerie Depaz.

Ses fils, André et Raoul Depaz, poursuivent son œuvre, modernisant la production et ancrant définitivement le nom Depaz dans le patrimoine rhumier martiniquais. La distillerie devient une référence incontournable.

En 1989, André scelle un partenariat stratégique avec le groupe bordelais Bardinet, client de longue date. Cette collaboration, puis l’entrée dans le giron du groupe La Martiniquaise, assurent la pérennité et le rayonnement international des rhums Depaz, fidèles à l’héritage de Victor

En 1998, le destin frappe encore l’Habitation Depaz avec un terrible incendie.

Une soudure réalisée dans un des chais avec l’air imprégné de vapeurs d’alcool provoque l’embrasement. Près de 700 000 litres de rhum contenu dans les fûts de vieillissement partent en fumée.

Cet événement explique la rareté des millésimes des années qui précèdent cet accident. Depuis, les chais de la distillerie Depaz ne sont plus visitables.

 

L’excellence d’un terroir 

 

Ancrée au pied de la Montagne Pelée, l’Habitation Depaz puise sa richesse dans un terroir volcanique unique, des cannes à sucre baignées de soleil et une eau d’une pureté exceptionnelle. Ces éléments confèrent aux rhums Depaz leur caractère et leur renommée mondiale, héritiers d’une histoire marquée par la résilience et la transmission.

Aujourd’hui encore, les cannes à sucre gorgées de soleil, les sols volcaniques et l’eau d’une extrême pureté, participent au goût exceptionnel des rhums Depaz.

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