Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

27 juillet 2023

FRUCTUEUX ALEXANDRE
DIT STELLIO
(1885-1939)

 Son enfance

 Alexandre Stellio, de son vrai nom, Fructueux ALEXANDRE, voit le jour le 16 avril 1885 à vingt heures, au quartier Anse Dufour dans la commune des Anses-d’Arlet, en Martinique.

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Il naît au lieu-dit “Le Flandrin”, dans la maison familiale de sa mère, Louise PIERRE-LUCIEN, une jeune agricultrice âgée de 22 ans. Le nouveau-né est déclaré plus d’un mois plus tard, le 18 mai, à l’état civil, sous le numéro d’acte n°56, sans que le nom du père n’y figure.

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Louise, déjà mère de plusieurs enfants, élève seule Fructueux, dans un contexte modeste mais digne.

Elle a au total quatre enfants, deux filles et deux garçons. Très tôt, elle prend une décision importante pour le bien-être de sa famille quitter, la campagne pour s’installer à Saint-Pierre, alors capitale économique et culturelle de la Martinique.

La ville, cosmopolite et vivante, offre plus d’opportunités, notamment en matière d’éducation et de travail.

En 1892, un homme du nom d’Émile ALEXANDRE, marin-pêcheur d’une cinquantaine d’années, reconnaît officiellement Fructueux comme étant son fils.

Il s’agit là d’une reconnaissance tardive mais significative, bien que l’on ne sache rien de plus sur son rôle dans la vie de l’enfant. Cette reconnaissance donne à Fructueux son nom de famille : ALEXANDRE…

Après quelques années passées à Saint-Pierre, Louise déménage de nouveau, cette fois vers Fort-de-France. Elle y restera 2 ans avant de prendre une autre décision audacieuse : s’expatrier en Guyane avec ses enfants en 1898. Ce choix n’est pas isolé car beaucoup de Martiniquais quittent alors l’île pour tenter leur chance dans la ruée vers l’or en Amazonie.

À leur arrivée à Cayenne, la famille est accueillie dans une maison appartenant à la famille de Gaston Monnerville, futur président du Sénat, dont les origines martiniquaises expliquent cet élan de solidarité.

Fructueux, adolescent, aide sa famille comme il peut. Il apprend d’abord le métier de cordonnier. Virtuose de la flûte, par la suite, il s’essaie à la clarinette et devient très vite, une véritable vedette. Il se produit dans la rue avec son frère Théramène.

Dans la rue, le jeune homme fait la connaissance d’un musicien guyanais réputé qui lui apprend les techniques de la clarinette. 

Il s’agit du grand clarinettiste ISAMBERT et surnommé « Sèpan Mèg », un des rares Pierrotins à avoir échappé à l’éruption de la Montagne pelée le 8 mai 1902.

De cette collaboration entre ses 2 hommes, STELLIO écrira une des chansons les plus célèbre de son répertoire.

Doué d’une grande souplesse et d’une oreille musicale instinctive, cette rencontre marque le début de la formation musicale du jeune Fructueux qui s’illustre par sa vivacité et son envie d’apprendre.

Commence alors pour lui une période faste, tous les amoureux de musique traditionnelle viennent en effet, apprécier le talent de ce nouveau clarinettiste, cela lui vaut d’ailleurs le surnom de STELLIO attribué par un admirateur italien.

Une importante proportion de martiniquais ayant émigré après l’éruption de la Pelée, de nombreux musiciens se font connaitre grâce à leur héritage musical de courants musicaux tels que la valse, la biguine et la mazurka.

De cette époque, Fructueux se forge une personnalité identifiable dès la première note.

Son retour en Martinique 

La popularité de Stellio va en grandissant, René DIDIER, homme d’affaire Martiniquais, installé à Cayenne, demande au clarinettiste de venir au cinéma pour animer les films muets.

Stellio satisfait les amateurs de cinéma. A la fin de la première guerre mondiale,  René Didier rentre à la Martinique pour acheter un cinéma baptisé « le Gaumont », dès que les choses se précisent, il demande à Stellio de le rejoindre à Fort-de-France.

C’est dans ces circonstances qu’en 1919 notre musicien remet le pied sur son île natale, après en être resté éloigné pendant plus de vingt ans d’absence.

Avec son ami Ernest LEARDEE, il se produit dans plusieurs dancings de Fort-de-France. Ils sont de plus en plus demandés aussi bien pour des prestations auprès d’un large public, notamment au « Select Tango » que pour des manifestations privées.

Il se produit souvent en alternance avec Léon APANON, lui aussi célèbre clarinettiste de l’époque, avec lequel il entretiendra une forte rivalité.

Après une brève collaboration, et suite à un conflit entre les 2 hommes, STELLIO, décide de se passer d’APANON pour lancer quelques mètres plus loin sa propre structure, baptisée « le Quand-Même « .

Le succès sera immédiat !!

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En avril 1929, Stellio embarque avec Ernest LEARDEE, Archange SAINT-HILAIRE, Marius COLLAT et Cremas ORPHELIEN pour rejoindre Paris.

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Arrivés à Paris, ils fondent un orchestre créole qui connaît un vif succès dans les bals populaires antillais.

Un parcours musical incroyable

En octobre 1929, Stellio signe un contrat avec la maison Odéon et enregistre ses premières biguines et mazurkas.

En quelques années, plus de 64 disques 78 tours sont gravés entre 1929 et 1938, faisant de lui l’un des principaux diffuseurs de la musique antillaise en France.

Mais derrière cette réussite, des tensions apparaissent. Accusé de s’approprier les droits d’auteurs et les recettes des ventes, notamment sur l’air « Sépan Mèg », Stellio perd la confiance de ses anciens compagnons. Il poursuit néanmoins sa carrière et fonde les cabarets « Tagada Biguine » et « Madinina Biguine », qui deviennent les hauts lieux de la culture antillaise à Montparnasse.

En 1931, il participe avec son orchestre à l’Exposition Coloniale Internationale à Paris, où il partage l’affiche avec d’autres grands noms comme Roger Fanfant.

Il engage la chanteuse Léona Gabriel, qui devient sa partenaire musicale incontournable.

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En 1935,  à l’occasion des fêtes du tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France, il se produit avec son orchestre à l’Opéra de Paris.

De 1929 à 1939, il enregistre plus d’une centaine de compositions, dont les plus célèbres

  • Serpent Maigre
  • Pleurez, pleurez, chabin
  • Paris biguine,
  • A l’ombre des palmiers …

Le déclin

Malgré le succès, la santé de Stellio décline. Souffrant du cœur, il continue à se produire sans se ménager.
Le 16 avril 1939, alors qu’il anime un bal à Paris, rue de la Huchette, il est terrassé par un malaise.

Transporté à l’hôpital, il meurt le 24 juillet 1939, à l’âge de 54 ans, des suites d’une embolie pulmonaire.

Il repose au cimetière parisien de Bagneux.

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La reconnaissance

Une rue porte son nom aux Terres-Saint-Villes à Fort-de-France.
Un collège porte son nom aux Anses d’Arlets.

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