Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

7 novembre 2025

Dominik Coco
La voix libre du gwoka moderne

(1966)

Né le 24 octobre 1966 à Pointe-à-Pitre, Dominik Coco est bien plus qu’un chanteur guadeloupéen.
Auteur, compositeur, interprète, il est l’une des grandes figures du renouveau musical antillais.

Sa voix, à la fois douce et rebelle, incarne la Guadeloupe vivante, celle des tambours, de la mémoire et de la résistance culturelle.

Depuis plus de trente ans, il fait dialoguer les rythmes du gwoka, de la biguine et du zouk acoustique avec les sonorités contemporaines du reggae, du dancehall et du hip-hop, tout en restant fidèle à son identité créole.

 

Des racines ancrées à Sainte-Anne

C’est dans le quartier populaire de La Kou Zaboka, à Sainte-Anne, que Dominik Coco passe son enfance.

Bercé par les contes, les chants et les veillées, il grandit dans une Guadeloupe encore marquée par la transmission orale.

Le tambour, omniprésent, rythme les fêtes comme les luttes.

« La Kou Zaboka, c’est mon école », confie-t-il souvent.

L’enfant observe, écoute, apprend.
Entre les veillées funéraires où résonnent les tambours et les après-midi passés à écouter les anciens, il découvre la force d’une musique capable de raconter le peuple guadeloupéen tout entier.

Entre tambour et modernité

Dominik Coco se décrit volontiers comme un passeur.

Le gwoka, dit-il, est « la colonne vertébrale de la musique guadeloupéenne ».
Cette musique de résistance, née sur les habitations, nourrit toute sa démarche artistique qui consiste à relier la tradition au mouvement, la mémoire à la modernité.

Dès l’enfance, il écoute avec admiration les grands interprètes du genre, comme Esnard Boisdur, la famille Geoffroy, ou encore les groupes Kan’nida et les musiciens du collectif Akiyo, véritables gardiens du tambour et de la mémoire guadeloupéenne.

Depuis 1990, Dominik Coco puise dans ses racines créoles, les contes traditionnels et les rythmes du gwoka et de la biguine, qu’il fusionne avec des influences contemporaines telles que le hip-hop, le dancehall, la salsa ou le reggae.

Cette hybridation, à la fois consciente et organique, fait de lui un bâtisseur de ponts entre générations et entre cultures musicale ssans jamais trahir l’essence du pays.

Lakou Zaboka — Retour aux sources

Dans son album Lakou Zaboka (2003), Dominik Coco rend hommage à son quartier d’enfance et à toute une philosophie de vie créole.

« Je suis né à Pointe-à-Pitre, mais j’ai grandi à Sainte-Anne, ma commune de cœur.

Lakou Zaboka, c’est le quartier où j’ai passé mon enfance. »

Le mot lakou désigne la cour des maisons traditionnelles créoles, l’espace de vie, le lieu de partage et de transmission.

C’est là qu’on cuisinait, qu’on discutait, qu’on plantait des arbres fruitiers,le citron, le piment, la goyave…

C’est là et que les familles s’entraidaient.

Pour Dominik Coco, Lakou Zaboka symbolise un mode de vie communautaire et une philosophie créole, la chaleur humaine, la solidarité et la mémoire vivante.

« Dans les années 80, Sainte-Anne vibrait culturellement et politiquement, il y avait une vraie effervescence. Les associations fleurissaient, et le premier festival de Gwo Ka est né à cette époque. »

Cette époque façonne son identité. Sainte-Anne devient sa matrice musicale et spirituelle.

« Lakou Zaboka, c’est une façon de dire que nos racines sont encore vivantes. »

Des débuts entre zouk et engagement

Dominik Coco avec Volt-Face
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Avant de s’imposer en solo, Dominik Coco débute avec le groupe Liquid Ice, puis rejoint en 1990 le groupe Volt-Face, fondé par Georges Décimus, membre emblématique de Kassav’.

Aux côtés de Catherine Thelamon, Jeff Joseph, Dominique Panol et Fabert Thénard, il impose une nouvelle couleur musicale, un zouk conscient, poétique, nourri nourri de gwoka, de reggae et de soul..

Des titres comme Clair Obscur ou Fo’w Rouvini deviennent emblématiques d’une génération d’artistes en quête d’identité.

Cependant, Dominik Coco refuse de se laisser enfermer dans le seul cadre du zouk. Sa musique se veut plus libre, plus enracinée, plus proche du peuple.

Cette quête d’authenticité l’amène à une carrière solo, où le tambour gwoka reprend le rôle central du récit musical.

Volt-Face, le cri du cœur d’une génération

Au début des années 1990, Dominik Coco se fait connaître avec le groupe Volt-Face, créé par Georges Décimus, bassiste fondateur de Kassav’.

Le collectif explore un zouk engagé, nourri de reggae, de soul et de gwoka.
Des titres comme Clair Obscur ou Fo’w Rouvini deviennent emblématiques d’une époque où la musique antillaise ose dire, dénoncer, raconter.

Dans une Guadeloupe en pleine mutation, Dominik Coco s’impose comme la voix d’une jeunesse consciente.

Un poète créole en solo

À la fin des années 1990, il entame une carrière solo d’une grande richesse poétique.

Ses albums Natirèl Poézi (1998), Liberté Savane (1999) et surtout Lakou Zaboka (2003) constituent un triptyque identitaire où il rend hommage à sa terre, à ses racines et à sa langue créole.

Chaque titre est une invitation à la réflexion : sur soi, sur le monde, sur le devoir de mémoire.
Sa voix, à la fois douce et puissante, porte l’âme du peuple guadeloupéen.

Un artiste libre et engagé

Dominik Coco refuse les étiquettes :

« Je ne suis pas un zoukeur. Je ne m’enferme pas dans un style.

Je cherche à faire vivre la mémoire. »

Son engagement passe par la musique, mais aussi par les mots.
Il chante la fierté noire, la mémoire de l’Afrique, la résilience d’un peuple marqué par l’histoire.
Il puise dans les racines du gwoka la force d’une parole universelle, reliant la Caraïbe au monde.

Collaborations et rencontres musicales

Tout au long de sa carrière, Dominik Coco a collaboré avec de nombreux artistes des Antilles et de la diaspora.

Dominik Coco en studio
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Son ouverture et sa générosité artistique l’ont conduit à travailler ou partager la scène avec des figures majeures telles que :

  • Admiral T, sur des projets mêlant tradition et urbanité;

  • Jeff Joseph (Exile One), pionnier du cadence-lypso,
  • Jean-Philippe Marthély et Jocelyne Béroard (Kassav’), symboles de la fierté antillaise ;
  • Patrick Saint-Éloi, pour la sensibilité et la musicalité du zouk love ;

  • Soft, Dédé Saint-Prix, Jean-Michel Rotin, Orlane, Victor O et Fred Deshayes, avec qui il partage la même vision d’une musique créole consciente.

ou encore de jeunes talents caribéens qu’il soutient dans leurs projets musicaux

Il participe aussi à des festivals majeurs en Guadeloupe, Martinique, Guyane et métropole, où il partage la scène avec Kassav’, Kali, Tanya Saint-Val, Erick C, et bien d’autres figures du patrimoine musical caribéen.

Son travail de mentor et de pédagogue fait de lui un modèle pour la jeune génération d’artistes guadeloupéens.

Ces collaborations ont nourri son univers, confirmant sa place parmi les bâtisseurs du patrimoine musical caribéen.

Une discographie empreinte d’authenticité

Pochette de Lèspri Kaskod
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    • Hot Tension (1990, avec Volt-Face)
    • La Vwa (1992)
    • Doubout (1994)
    • Natirèl Poézi (1998)
    • Liberté Savane (1999)
    • Lakou Zaboka (2003)
    • Lèspri Kaskod (2008)
    • Live à La Cigale (2011)
    • ZoukaKo (2013)
    • Dans la calebasse de mon île (2016)

Chacun de ces albums témoigne d’une recherche constante d’équilibre entre tradition, engagement et modernité.

Son écriture, souvent métaphorique, évoque l’amour, la liberté, la mémoire et la dignité.

album reflète une étape de sa quête artistique : un équilibre entre introspection, conscience sociale et célébration du patrimoine musical caribéen.

Un héritage vivant

Considéré comme un pilier du gwoka contemporain, inspire aujourd’hui une nouvelle génération d’artistes caribéens désireux de renouer avec leurs racines sans renoncer à la modernité.

De Sainte-Anne à Paris, il symbolise la fierté créole, la liberté d’expression et la transmission intergénérationnelle.

Sa musique, qu’il qualifie de « zouk a kô », est à la fois intime et universelle.
Elle parle au cœur des Guadeloupéens, mais aussi à tous ceux qui croient en la force des cultures vivantes.

Plus qu’un artiste, il est un gardien de la flamme créole, un témoin vivant d’une culture qui se réinvente sans se renier.

Dominik Coco, c’est la Guadeloupe en vibration.

Une voix libre, une plume lucide, un cœur ouvert sur le monde.

De Sainte-Anne à La Cigale, il a su faire du gwoka un langage universel, porteur d’émotion, d’histoire et d’espérance.

À travers sa musique, il continue d’incarner la fierté d’être créole, dans toute sa force et sa beauté.

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