TI-CELESTE
Voix éternelle du Gwo-ka
(1945-2014)
Figure incontournable de la musique guadeloupéenne, Ti-Céleste, de son vrai nom Aurélien Céleste, a marqué près d’un demi-siècle de scène par sa voix unique, son verbe affûté et sa capacité à faire vibrer l’âme du Gwo-ka comme personne.
Chanteur, compositeur, producteur, homme de studio et de tradition, il fait aujourd’hui partie des monuments de la culture guadeloupéenne.
Enfance et origines
Né le 20 octobre 1945 à Trois-Rivières, Wilfried Aurélien Céleste grandit dans une famille de musiciens.
Chaque week-end, il accompagne sa mère, Hermina Larochelle, dans les lewoz, veillées mortuaires et fêtes de village.
Ces moments forgent son rapport intime au tambour, au chant, à la spiritualité populaire.
C’est à l’aube de ses 13 ans, lors de la veillée de sa mère, qu’il ressent le choc fondateur.
Les chants de consolation, interprétés par le chanteur Tirène Laurent, apaisent ses larmes et ouvrent un nouveau chemin.
Ce soir-là, naît son amour éternel pour le Gwo-ka.
Il se distingue par une voix claire, expressive, capable de raconter la vie quotidienne avec force et humour. Son surnom « Ti-Céleste » s’impose naturellement, petit par la silhouette, immense par la voix.
Les débuts dans le Gwo-ka
Dans les années 1960, Ti-Céleste se fait remarquer sur les scènes locales.
Sa voix claire et expressive, son sens du rythme, sa maîtrise du chant a responn, et sa faculté à raconter la vie du peuple guadeloupéen séduisent immédiatement.
Par sa présence scénique, il excelle dans l’art de raconter, de transmettre, de faire rire, réfléchir ou frissonner.
Il contribue à ouvrir le Gwo-ka à un public plus large, au-delà des cercles strictement traditionnels.
Une carrière exceptionnelle
Avec plus de quarante ans de carrière, il reste l’un des artistes les plus prolifiques du pays.
Il laisse un patrimoine impressionnant : 22 albums enregistrés et plus de 250 titres inscrits à la SACEM.
Parmi ses morceaux les plus célèbres figurent : Chyen La Japé, Testaman, Tanbou ka fè mwen frisoné, La Gwadloup mwen, rivé mi mwen.
Sa musique allie tradition, humour, observation sociale et une profonde sensibilité créole.
Un artiste complet
Ti-Céleste n’était pas seulement un interprète. Il composait, écrivait, arrangeait, produisait.
Il fait partie de ceux qui ont structuré le Gwo-ka moderne, en professionnalisant le processus de création tout en restant fidèle à l’esprit originel du ka.
Sa rigueur, son exigence et sa créativité ont influencé plusieurs générations d’artistes.
Une reconnaissance méritée
En 2013, il reçoit un Elwa d’Or, hommage à son immense contribution au patrimoine musical.
Une distinction largement méritée qui vient reconnaître un parcours exceptionnel, une œuvre colossale et un engagement total envers la culture guadeloupéenne.
Sa disparition
Ti-Céleste s’éteint le 13 novembre 2014, à l’âge de 69 ans, dans sa commune de cœur, Gourbeyre.
Sa disparition provoque une émotion immense dans toute la Guadeloupe. Très vite, des veillées, hommages et diffusions radiophoniques sont organisés pour saluer cet artiste irremplaçable.
Ses titres sont rejoués partout comme un rappel de son importance et de son talent.
Hommages et héritage
Le 7 novembre dernier, la ville de Gourbeyre a retracé sa vie à travers un documentaire riche en archives et témoignages.
Aujourd’hui encore, ses chansons résonnent dans les lewoz, les radios, les scènes culturelles.
Ti-Céleste appartient désormais aux grandes voix du Gwo-ka, aux côtés des maîtres qui ont façonné l’identité musicale de la Guadeloupe.
Ti-Céleste n’était pas seulement un chanteur. Il était un conteur, un témoin, un passeur.
Son œuvre, immense, continue d’inspirer.
Il a donné une voix au peuple, et le peuple ne l’oubliera jamais.






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