Sully Moïse LARA
Romancier, instituteur et essayiste
(1867–1950)
Origines et jeunesse
Sully Moïse Lara naît en 1867 en Guadeloupe, au sein d’une famille marquée par l’histoire de l’esclavage et de l’émancipation.
Son père, Moïse Lara (1822–1890), ancien esclave affranchi en 1843, était devenu charpentier, imprimeur et journaliste. Sa mère, Amélie Pédurand (1848–1902), issue des Grands Fonds, appartenait à une génération qui portait encore la mémoire des luttes anticoloniales.
Aîné d’une fratrie où l’on retrouve Hildevert-Adolphe, Oruno et Augereau, Sully grandit dans un foyer où la presse, l’écriture et l’engagement occupent une place essentielle. Ce contexte familial influencera durablement son parcours.
Carrière d’instituteur
En 1888, Sully Lara intègre l’enseignement public en tant qu’instituteur du cadre de la Guadeloupe.
Il exerce cette profession pendant plus de trente-cinq ans, avant de prendre sa retraite en 1923, contribuant à la formation de plusieurs générations d’élèves.
Son long parcours illustre son attachement à la transmission du savoir et à la construction d’une école républicaine ouverte à tous, dans une société encore marquée par les inégalités héritées de l’esclavage
Vie familiale
Le 12 juillet 1902, Sully Lara épouse Laure Marie Breslau à Goyave.
Le couple donnera naissance à dix enfants, contribuant ainsi à l’essor d’une descendance nombreuse et enracinée.
Œuvres et pensée littéraire
À partir de sa retraite, Sully Lara se consacre pleinement à l’écriture.
Ses ouvrages, romans et essais, explorent les réalités sociales et raciales des Antilles, mais aussi les rapports de classe, d’éducation et de genre.
Parmi ses principales publications :
La Fiancée du maître d’école – récit ancré dans le monde de l’instruction.
Sous l’esclavage : mœurs créoles (1935) – analyse des conditions de vie sous l’esclavage et réflexion sur l’héritage de la servitude.
Courtisane. Étude de mœurs créoles contemporaines – étude sur les rapports sociaux et les tensions morales.
Podofin se venge – comédie-vaudeville en deux actes.
La Chambre consignée – pièce en un acte.
Traité élémentaire d’agriculture tropicale, à l’usage des écoles – manuel éducatif destiné à la formation agricole.
A travers ses écrits, Sully Lara contribue à poser les bases d’une littérature guadeloupéenne autonome, où la société créole se raconte par elle-même et non plus uniquement à travers le regard colonial.
Héritage et descendance intellectuelle
Sully Lara s’éteint le 8 décembre 1950 à Pointe-à-Pitre, à l’âge de 84 ans.
Son apport demeure essentiel : instituteur attaché à l’instruction publique, romancier soucieux d’explorer les mœurs de son temps, essayiste attentif aux fractures héritées de l’esclavage.
Son œuvre complète l’action de ses frères, faisant des Lara une dynastie intellectuelle guadeloupéenne.
Son regard critique et ses écrits font de lui l’un des premiers romanciers guadeloupéens à avoir analysé les tensions sociales et raciales de son époque.
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