Mario Canonge
(1960)
Entre jazz et créolité
Enfance et origines
Mario Canonge est né le 5 septembre 1960 à Fort-de-France, en Martinique.
Issu d’une famille modeste, il grandit dans un environnement chaleureux où la transmission, le travail et la solidarité sont au cœur de l’éducation. La musique, omniprésente, devient rapidement son langage privilégié.
Adolescent, il accompagne la chorale de son église au piano. Vers l’âge de 14 ans, il se consacre pleinement à l’instrument. Autodidacte, il apprend à l’oreille en jouant aussi bien des chants religieux que des biguines, mazurkas, rythmes de bèlè, mais aussi du jazz, de la soul et du funk venus des États-Unis. Ces influences multiples, entre tradition créole et ouverture au monde, forgent son identité musicale.
Premiers pas musicaux et départ pour Paris
La Martinique des années 1960 et 1970 est en pleine effervescence culturelle, entre bals populaires, zouk naissant et rythmes traditionnels. Mario s’y imprègne et affine son oreille. Mais son ambition le pousse à chercher plus loin.
À la fin des années 1970, Mario s’installe à Paris. Là, il plonge dans l’effervescence de la capitale, fréquentant les clubs de jazz, les scènes afro-latines et caribéennes. Il intègre des formations comme La Manigua ou Falfret, tout en continuant à forger sa personnalité musicale.
C’est dans cette ville qu’il rencontre d’autres musiciens avec lesquels il fondera ses premiers groupes marquants.
Décollage international avec Ultramarine et Sakésho
En 1983, Mario Canonge franchit une étape décisive en co-fondant, avec Nguyên Lê, le groupe de jazz fusion Ultramarine.
Le quartet, complété par des musiciens d’exception tels que Mokhtar Samba et Étienne Mbappé, s’impose dès sa première année en remportant le prestigieux concours de La Défense Jazz Festival.
Très vite, Ultramarine devient une référence incontournable du jazz fusion en France, et Mario gagne une reconnaissance internationale.
Durant les années 90, Mario Canonge consolide son statut de musicien majeur.
Il participe au projet Sakiyo aux côtés de Tony Chasseur et de son complice de toujours, Ralph Thamar.
Cette aventure collective mêle biguine, zouk et jazz, marquant une étape importante dans sa carrière;
Parallèlement, il il entame une carrière solo en publiant ses premiers albums, « Retour aux Sources » en 1991 et « Chawa » en 1993.
Viendront par la suite les albums suivants
Rhizome (2004), symbole de maturité, où tradition créole et harmonies jazz se rejoignent.
Mitan (2011), plus introspectif, équilibre entre Paris et la Martinique.
Son style pianistique, à la fois lyrique et rythmique, séduit un public toujours plus large.
Entre 2002 et 2006, Mario intègre le groupe Sakesho, véritable laboratoire du jazz caribéen, avec Michel Alibo, Jean-Philippe Fanfant et le maître du steel pan Andy Narell. Ce quartet devient emblématique de la fusion entre le jazz et les traditions rythmiques caribéennes.
Une institution à Paris
Depuis 2006, Mario Canonge partage une résidence hebdomadaire avec le contrebassiste Michel Zenino au club parisien Le Baiser Salé. Chaque mercredi, leur duo est devenu une « institution du jazz parisien », un rendez-vous incontournable pour les amateurs et un lieu de rencontres musicales uniques.
Ses collaborations
Toujours prolifique, il enregistre de nombreux albums. En 2019, son disque Zouk Out, qui revisite le zouk sous l’angle du jazz, reçoit un accueil enthousiaste, salué pour son audace et sa modernité.
En 2020, il s’associe avec Erik Pédurand pour l’album Kapital, un projet fort où Gwoka et Bèlè s’allient pour interroger la mémoire et les rapports de pouvoir aux Antilles.
Il collabore également avec une multitude d’artistes, aussi bien dans le jazz que dans la chanson tels que Viviane Ginapé, Olivier Jean-Alphonse, Annick Tangora, ou encore le projet Quint’Up dont les albums sortis en 2018 et 2023 confirment la vitalité de son jeu collectif.
Toujours en quête de nouvelles sonorités, il ne cesse d’expérimenter et de réinventer son art.
Le 19 mai 2023, l’artiste présente un nouveau projet : le Mario Canonge Trio, aux côtés du bassiste Michel Alibo et du batteur guadeloupéen Arnaud Dolmen.
Quelques mois plus tard, il sort également le deuxième volume de Quint’Up. Deux albums en une seule année : de quoi lui valoir le titre d’« artiste le plus prolifique du jazz en France ».
La rencontre avec Alain Jean-Marie
C’est à Paris, capitale du jazz français et carrefour des musiques du monde, que leurs chemins se croisent. Alain Jean-Marie, précurseur de la biguine jazz dès les années 1970, et Mario Canonge, pianiste flamboyant nourri de rythmes caribéens, découvrent des passions communes.
Leur complicité s’exprime dans des concerts à deux pianos et à travers plusieurs projets partagés. Sur scène, un véritable dialogue musical s’installe entre la finesse élégante d’Alain Jean-Marie et la fougue inventive de Mario Canonge.
Ensemble, ils incarnent la continuité du piano créole : Alain Jean-Marie a fait entrer la biguine dans le langage du jazz international, tandis que Mario Canonge prolonge ce chemin en y insufflant audace rythmique et énergie contemporaine.
À travers eux, c’est toute la mémoire musicale martiniquaise qui se transmet, de génération en génération
Complicité fraternelle avec Ralph Thamar
Mario Canonge et Ralph Thamar se rencontrent à Paris dans les années 1980. Entre eux naît une longue complicité, nourrie d’amitié et de nombreuses collaborations musicales.
Leur entente prend toute son ampleur dans les années 1990 avec le groupe Sakiyo, aux côtés de Tony Chasseur. Ensemble, ils inventent une musique hybride, entre biguine, zouk et jazz. Sakiyo devient à la fois un espace de liberté, d’expérimentation, et un laboratoire humain où Canonge et Thamar consolident leur fraternité artistique.
Sur scène, leur lien est palpable. Le piano de Canonge enveloppe la voix de Thamar d’harmonies riches, tandis que la voix de Thamar, souple et expressive, sublime les lignes mélodiques du pianiste. Leur duo repose sur une confiance totale : chacun devine l’autre, anticipe, improvise en écho.
Leur complicité dépasse la technique. Elle traduit une véritable amitié nourrie d’admiration réciproque.
Au-delà de la scène, Mario Canonge et Ralph Thamar partagent la conviction que la musique est un outil de mémoire et de transmission. Ensemble, ils incarnent l’esprit créole dans toute sa diversité : enraciné dans les rythmes traditionnels, mais toujours ouvert au monde. Leur collaboration dessine un pont entre générations, entre Caraïbe et Europe, entre jazz et créolité.
Le maître du jazz créole
Reconnu comme l’un des grands pianistes français contemporains, Mario Canonge incarne le jazz créole. Sa musique puise dans la biguine, le bèlè, la mazurka, mais aussi dans le jazz afro-américain et les musiques du monde. Par son jeu virtuose, son inventivité et son attachement à la culture caribéenne, il a su construire un pont entre tradition et modernité.
Aujourd’hui, après plus de quarante ans de carrière, Mario Canonge demeure une référence vivante, respectée autant en Martinique qu’à l’international.
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