LOUIS DOULDAT
(1896-2003)
Le grand bâtisseur
Chaque jour, des milliers de Guadeloupéens empruntent le Pont de la Gabarre, lien essentiel reliant la Grande Terre avec la Basse-Terre.
On a tendance à l’oublier, mais derrière ce chef-d’œuvre de 1929 se trouve un ingénieur guadeloupéen Louis Douldat.
Concepteur du pont, Louis Douldat est une figure méconnue voire quasi oubliée de notre histoire et pourtant il a laissé des œuvres de génie civil majeures.
Un enfant de Saint-Claude
Louis Douldat est né le 18 août 1896 à Saint-Claude, non loin de la Soufrière.
Brillant élève, il fait ses premières classes à Saint-Claude puis obtient son brevet élémentaire à Basse-Terre. Le baccalauréat technique n’étant pas accessible en Guadeloupe, il quitte la Guadeloupe, à seulement 16 ans, grâce à une bourse afin de poursuivre des études techniques en France hexagonale.
Son parcours
La Première Guerre mondiale bouleverse son destin.
Les écoles militaires ferment les unes après les autres et les meilleurs étudiants de chaque spécialité sont envoyés dans la marine sous-marine.
Grâce à ses aptitudes en mathématiques, mobilisé, Louis Douldat intègre le corps prestigieux des sous-mariniers.
Il servira au large des côtes marocaines.
A l’issue du conflit, médaillé, pour son courage et son engagement, il décide de poursuivre sa formation technique dans le Génie Civil.
La Darse
En 1925, il rentre en Guadeloupe et devient directeur des ateliers de construction et de réparation des bouées de Fouillole. Il occupera cette fonction jusqu’en 1939, jouant un rôle essentiel dans la modernisation du port de Pointe-à-Pitre.
A cette époque le port de Pointe-à-Pitre n’est pas en mesure d’accueillir les grands bateaux de commerce et de passagers. L’ile est en pleine croissance commerciale.
Le Pont de la Gabarre
En 1929, Louis Douldat conçoit l’un des plus grands symboles de notre patrimoine, le Pont de la Gabarre, remplaçant ainsi l’ancien pont flottant.
A l’image des constructions Eiffel, c’est un pont métallique, doté d’une seule voie, avec des poutres continues sur une longueur de 600m, une vraie prouesse pour l’époque.
Pendant des décennies, les traversées se faisaient grâce à une embarcation (gabarre) pouvant contenir sept à huit chevaux avec leurs cavaliers et tirés le long de câbles par des esclaves.
A partir de 1806, suite à plusieurs naufrages, on utilisera une plaque métallique arrimée avec de gros bidons.
Construit dans les années 1950, le pont sera inauguré en 1958.
Par la suite et face à l’affluence du trafic, le pont sera remplacé par un pont double à quelques mètres du pont initial, avant de passer à six voies.
Le pont de la Gabarre relie encore aujourd’hui des milliers de guadeloupéens de la Basse-Terre à la Grande Terre, témoignage du génie et de la persévérance de son concepteur.
La Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, Louis Douldat est de nouveau mobilisé. Il sera affecté en Martinique sous les ordres de l’amiral Robert. Il en ressort une nouvelle fois décoré, ajoutant à son palmarès une seconde médaille militaire.
Chef d’entreprise
A son retour, l’ingénieur met son son expertise et son esprit d’innovation au service de l’économie locale. Il fonde une entreprise de construction navale spécialisée dans les chalands pour le transport de la banane. Pendant plus de trente ans, cette société prospère fera travailler jusqu’à 150 salariés, contribuant ainsi au développement économique de l’île. » J’ai réalisé une centaine de chalands pour transporter la banane à Basse-Terre, plus précisément à Rivière-Sens. Par ailleurs, j’ai mis vingt-neuf tonnes d’acier mélangé de nickel dans le clocher de Pointe-à-pitre lequel ne tenait plus. L’ouvrage originel avait été réalisé à la main par des Norvégiens. J’ai eu à remplacer des éléments du pont de Cararrguaise à Capesterre »
Un centenaire bon pied, bon œil
Louis Douldat fait preuve d’une vitalité exceptionnelle même au-delà de ses 100 ans. On le voit d’ailleurs souvent au volant de son véhicule allant de Petit-Bourg à Pointe-à-Pitre.
Il s’éteindra le 18 août 2003, jour de son anniversaire, à l’âge avancé de 107 ans.
Son nom reste peu présent dans les livres d’histoire, mais son empreinte est encore visible dans le patrimoine guadeloupéen.
La reconnaissance
Une rue à Pointe-à-Pitre et une autre à Baie-Mahault ainsi qu’un arrêt de bus situé non loin du Morne de la mémoire portent le nom Louis Douldat.
Sources
- Archives départementale de la Guadeloupe
- Histoire des communes Antilles Guyane
- PSS-Archi (site d’architecture)
- noos.fr
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