LE TOUR DES YOLES
Chaque année, le Tour des Yoles constitue l’évènement majeur des grandes vacances en Martinique.
Il se déroule durant une semaine généralement entre la dernière semaine du mois de juillet et le début du mois d’Août.
Une vingtaine de yoles rondes s’affrontent alors dans le but de remporter le maillot rouge.
Après deux ans d’absence le tour des yoles est de retour pour la plus grande joie de tous ses fanatiques.
Depuis quelques années, le Tour des Yoles a pris une dimension internationale. Il figure aujourd’hui au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
Les prémices
A la base, la yole ronde constitue l’outil de travail des pêcheurs.
En 1312, une expédition fut menée par l’empereur du Mali BAKARI II.
200 pirogues africaines quittent les côtes africaines pour gagner le continent américain. Ces pirogues à voile ressemblaient déjà aux pirogues traditionnelles d’aujourd’hui c’est-à-dire constituées d’une grande voile rectangulaire et avec des traverses.
Les indiens caraïbes se déplaçaient aussi entre les îles à bord de pirogues en gommier pour aller pêcher. La pêche étant pour beaucoup le principal moyen de subsistance en dehors de l’agriculture.
Le gommier provenait de l’arbre dont on évidait le tronc.
Mais le gommier est devenu rare dans les forêts et il a fallu trouver d’autres solutions de remplacement telles que le canot ou encore la Saintoise en Guadeloupe.
De plus, l’instabilité de l’embarcation demandait des améliorations. Ils ont donc conçu le canot de pêche.
On retrouve aussi le gommier durant la période de la deuxième guerre mondiale. Lors de la dissidence, le canot est utilisé comme moyen de transport entre la Martinique et les îles de la Dominique ou Sainte-Lucie pour rejoindre les bases des Forces Françaises Libres.
Les premières yoles
Le nom de yole provient du mot norvégien « yol » signifiant tout simplement un canot.
Les premières yoles apparaissent au XVIIe siècle quand elle n’était qu’un instruments de bordage au service des navires du roi, des bateaux négriers et des navires de commerce mouillant dans les rades de la Martinique. Peu à peu, Les charpentiers marins travaillent et améliorent la structure des yoles.
Au début des années 40, la première yole version moderne « Gaby » est construite par Jean LAFONTAINE, un charpentier de la marine originaire de la commune du François.
Plus stable et plus légère que le gommier, elle est immédiatement adoptée par les pêcheurs. Elle devient alors un bateau de compétition.
Les meilleurs s’affrontent amicalement. Le but est de rentrer le plus vite possible au port afin de pouvoir écouler au mieux sa cargaison de poisson sur les marchés.
L’esprit de revanche fait qu’une course était, par la suite, organisée le dimanche après la messe, mettant en concurrence les communes et les différents quartiers.
A l’instar des combats de coqs, les paris auxquels les békés participaient étaient nombreux. Les sommes engagées étaient colossales.
Les pionniers
Le 17 mai 1966, quatre yoles dirigées par Marcel BON SAINT-CÔME, son beau-frère Jean DORMOY, un ami Guy de LUCY tentent d’effectuer le tour de la Martinique.
L’équipage est composé de 3 coursiers, un barreur et deux dresseurs.
Les yoles s’appellent « Etoile », « Frisson », « Mouette » et « Odyssée ». « Mouette » appartient à Jean DORMOY, « Etoile» est dirigé par Jacques VIVIES et Michel ASSELIN, «Frisson» est dirigé par Colo BAUCHAREL, Henri HAYOT et Henri URSULET, et «Odyssée» avec Marcel EXILIE, Édouard EXILIE et Georges FAULA.
Les membres d’équipages atteignent leur objectif en cinq étapes.
L’année suivante, l’opération est reconduite sur la yole « Boeing 707 » avec un 4ème participant Alain de WOUVES.
Le tour est bouclé en quatre étapes.
Cependant, les difficultés de navigation sont telles que les protagonistes décident de mettre un terme à l’aventure qui s’achèvera en 1968.
A la vue de cet engouement et l’ampleur de cette attraction, les courses de yoles prennent une tournure officielle.
Organisation et structure
En 1972, La Société des Yoles et des Gommiers de la Martinique fondée par Francois EMICA voit le jour avec des propriétaires de yoles tels qu’Henri HAYOT, Théogène MARIE-LOUISE, Dachir CHRISTOPHE et Albéric URSULET.
Sous l’impulsion de Georges BRIVAL, elle se transformera en Association des Yoles rondes, puis deviendra la Société des Yoles rondes de la Martinique en 1981.
Elle se donne pour objectif de mieux réglementer l’activité qui est devenue très populaire et qui attire une foule immense !!
Plusieurs courses ont lieu tout au long de l’année.
En 1985, Georges Brival relance l’idée de l’organisation d’un tour de la Martinique des Yoles Rondes tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Le 11 août 1985, le départ de la première course a lieu avec 8 yoles. Le Vainqueur sera Désiré LAMON.
On arrive aujourd’hui à 21 embarcations.
Le tour des yoles aujourd’hui
D’immenses moyens financiers sont mis en œuvre pour assurer une organisation optimale.
Les moyens techniques et marketing ne sont pas des moindres. Tout est réfléchi dans les moindres détails.
La conception et la construction de la yole a évolué. Elles sont encore plus rapides et plus légères. Les voilures sont plus grandes et adaptées au mètre près à l’évolution des vents marins.
L’esprit d’équipe est tout aussi important pour intégrer les directives du capitaine.
De plus suite à l’arrêt du tour pendant 2 ans pour cause de pandémie, les moyens logistiques et publicitaires ont été décuplés. Pas moins de 300 journalistes internationaux font le déplacement de tous les horizons pour couvrir l’événement;
La transmission est aussi intergénérationnelle. On retrouve aujourd’hui de nombreux descendants des pionniers aux commandes de cette nouvelle édition qui offre aux yeux de tous, un spectacle incroyable !!
Les Champions
Félix MERINE est actuellement le recordman du nombre de victoires avec 11 tours remportés.
Il est talonné par Georges-Henry LAGIER
Aujourd’hui le tour des yoles est un événement incontournable, véritable manne financière pour l’économie touristique de l’ile.
La reconnaissance
Vitrine à l’international et sous l’initiative d’Edouard TINAUGUS, fervent défenseur du patrimoine culturel, la yole Martiniquaise figure depuis le 17 décembre 2020 au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Il met en exergue le patrimoine culturel martiniquais aux yeux du monde entier.
Pour la nouvelle génération et les aficionados, il existe également un jeu vidéo simulant une course et permettant tester ses compétences.
Quelques noms célèbres
- Marcel BON SAINT-COME
- Jean DORMOY
- Désiré LAMON
- Frantz FERJULE
- Joseph Athon MAS
- Georges Henry LAGIER
- Charles EXILIE
- Félix MERINE
SOURCES
Tour des Yoles Rondes de la Martinique
Mémoires de yole – ADCOMEAM – UNITED RADIO
Version humoristique de François GABOURG
Bonjour,
J’ai lu avec plaisir et intérêt votre article sur l’origine des courses de yoles . C’est df loin le plus fiable et le meilleur de tout ce qui a été écrit. Je suis le fils de jean dormoy qui était propriétaire de la yole boeing 707et j’ai couru de nombreuses années avec Georges Henri LAGIER et Charles ÉXILIE .
Je vous remercie infiniment pour votre intérêt pour notre site. Nous tachons de mettre au mieux nos illustres afin qu’ils ne soient pas oubliés.