LE PONT DE LA GABARRE
Lien vital entre la Basse Terre
et la Grande Terre
Avant le pont : la traversée du siècle
Avant 1949, la Rivière Salée formait une frontière naturelle entre la Grande Terre et la Basse-Terre.
Pour passer d’une île à l’autre, les habitants, commerçants et fonctionnaires devaient emprunter des bacs flottants, souvent lents et dangereux, surtout lors des grandes pluies.
Cette traversée, longue et incertaine, représentait à elle seule un défi quotidien.
La construction du premier pont (1948-1949)
À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la Guadeloupe entame une période de reconstruction.
Le projet du Pont de la Gabarre s’inscrit dans la volonté de désenclaver l’île et d’unir ses deux pôles économiques.
Sous la direction de l’ingénieur guadeloupéen Louis Douldat, épaulé par une équipe d’ingénieurs publics, le chantier débute en 1948.
L’ouvrage métallique, long d’environ 220 mètres, est achevé l’année suivante.
Le pont de la Gabarre devient alors une fierté nationale. C’est le premier grand pont moderne de Guadeloupe, symbole de progrès et d’unité.
Inauguration du pont en octobre 1949
Louis Douldat : un ingénieur visionnaire
Natif de Guadeloupe, Louis Douldat appartient à cette génération d’ingénieurs ultramarins formés dans la France d’après-guerre.
Ingénieur des Ponts et Chaussées, il consacre sa carrière au développement du réseau routier et hydraulique de la Guadeloupe.
Le Pont de la Gabarre est son chef-d’œuvre.
Il supervise la conception, la mise en œuvre des fondations et la logistique complexe du chantier, dans un environnement difficile.
Grâce à son expertise et à sa rigueur, l’ouvrage est livré dans les délais et devient une référence technique pour l’époque.
« Louis Douldat, c’était la rigueur et l’élégance d’un ingénieur qui croyait à la Guadeloupe moderne. »
Témoignage d’un ancien collaborateur (Archives départementales)
🚗 Un axe vital pour la Guadeloupe
Dès les années 1950, le pont s’impose comme un trait d’union essentiel entre la Basse-Terre administrative et la Grande Terre économique.
Il permet le développement rapide de Pointe-à-Pitre, de Baie-Mahault et de Jarry, qui deviendront plus tard le cœur industriel et logistique de la Guadeloupe.
Circulation sur le pont, années 1960
Le déplacement du pont : une nouvelle ère
Face à l’intensification du trafic dans les années 1970, le pont devient insuffisant.
Une grande opération d’ingénierie est alors engagée : le pont est déplacé de quelques mètres vers l’est, sur un nouvel alignement plus rectiligne, afin de fluidifier la circulation et renforcer la sécurité.
Le nouveau pont, élargi à deux tabliers, est inauguré au début des années 1980.
Cette opération, remarquable sur le plan technique, démontre encore une fois la maîtrise et l’expertise des ingénieurs guadeloupéens.
Le double tablier du nouveau pont, sur la Rivière Salée
🌅 Un symbole vivant d’unité
Aujourd’hui, le Pont de la Gabarre est traversé par plus de 80 000 véhicules par jour.
Il incarne la connexion entre deux terres, mais aussi entre deux époques : celle de la Guadeloupe coloniale et celle de la Guadeloupe moderne.
Son histoire, indissociable du nom de Louis Douldat, mérite d’être transmise aux jeunes générations comme une leçon d’ingéniosité, de persévérance et de fierté locale.
Mémoire
Le Pont de la Gabarre demeure un symbole fort du génie local.
Sous la houlette de Louis Douldat, il a relié deux terres, deux peuples et deux époques.
Son histoire continue de rappeler que la modernité guadeloupéenne s’est bâtie sur le savoir, le courage et la vision d’hommes d’exception.
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