Les Registres d’Etat Civil

Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

27 avril 2020

Les registres d’état civil 

Du matricule au nom : la naissance de l’identité civile des anciens esclaves

Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, plus de 7 millions d’Africains sont déportés et réduits en esclavage dans les îles de la Caraïbe.

La plupart de leurs descendants naîtront, vivront et mourront sans jamais être reconnus comme des citoyens. Dans le système esclavagiste colonial, l’esclave est considéré comme un « bien meuble » — un objet, au même titre qu’un meuble, un ustensile ou une tête de bétail.

Un être sans nom… et sans droits

Jusqu’au XIXe siècle, les esclaves ne possèdent aucun nom de famille. Leur identité se limite souvent à un prénom donné par le maître, à un surnom ou à un sobriquet. À partir de 1839, un matricule est attribué aux esclaves par l’administration coloniale, mais ils ne sont toujours pas reconnus comme des personnes à part entière dans les documents civils.

Ils sont principalement répertoriés dans les actes d’inventaire de propriété, aux côtés des autres biens matériels.

1848 : Une date fondatrice, une citoyenneté en construction

Le décret d’abolition de l’esclavage, signé le 27 avril 1848, marque un tournant historique. Il met fin au Code Noir et au statut d’esclave dans toutes les colonies françaises.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • 87 500 anciens esclaves en Guadeloupe, soit environ 60 % de la population,
  • 67 447 en Martinique (70 % de la population),
  • 30 935 en Guyane.

Ces hommes, femmes et enfants accèdent soudainement au statut de « nouveaux libres ».

Mais une question cruciale se pose : Comment les nommer ? Comment les identifier ?

Donner un nom, c’est donner une existence

Jusqu’ici sans nom légal, les anciens esclaves doivent désormais recevoir un patronyme. C’est l’acte de naissance civique de milliers de personnes, jusque-là privées d’identité administrative.

Chaque commune est alors chargée de consigner cette transition dans des registres spéciaux :

  • En Guadeloupe : Registres des Nouveaux Libres,
  • En Martinique : Registres des Actes d’Individualité,
  • En Guyane et à La Réunion : des procédures similaires sont mises en œuvre.

Ces registres contiennent :

  • Le nom de famille attribué,
  • Le prénom de la personne,
  • Le lieu d’enregistrement,
  • Le nom de l’Habitation (plantation) d’origine,
  • Le nom de l’ancien propriétaire,
  • Le numéro de matricule,
  • La date,
  • Le nom de l’officier d’état civil.

Exemple d’acte d’individualité :

  • Nom : CADET
  • Prénom : Zéphirin
  • Matricule : 12345
  • Ancien maître : HABITATION BELLEVUE, appartenant à M. Durand
  • Commune : Sainte-Anne (Martinique)
  • Date : 28 août 1848

Un patrimoine d’archives inestimable

Les registres d’individualité sont aujourd’hui des sources majeures pour la recherche historique, généalogique et mémorielle.

Ils offrent une trame identitaire à des milliers de familles antillaises, guyanaises et réunionnaises.

Parallèlement, d’autres documents existent :

  • Les registres d’état civil des esclaves (1724–1848), principalement pour les naissances, mariages et décès.
    Ces actes sont rares et ne sont devenus obligatoires qu’à partir de 1833.
  • Les registres d’inventaire, souvent tenus par les notaires ou les administrateurs des habitations.

Il n’existe pas de tables décennales pour ces registres anciens, ce qui rend leur consultation plus complexe mais d’autant plus précieuse.

Pourquoi ces documents comptent encore aujourd’hui ?

  • Pour reconnaître la pleine humanité de ceux qu’on avait réduits au silence.
  • Pour retrouver les racines familiales et réparer les ruptures généalogiques.🔹
  • Pour transmettre une mémoire partagée aux générations futures.

« Donner un nom, c’est reconnaître une existence. Ces registres sont les premières pierres de l’identité antillaise, guyanaise et réunionnaise moderne. »

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