George Tarer
(1921)
Une vie au service des femmes, de la santé et de la dignité
Une pionnière dans le domaine de la santé
George Tarer naît le 5 juin 1921 à Morne-à-l’Eau, en Guadeloupe, dans une société encore marquée par les séquelles de l’esclavage et du colonialisme.
Fille d’un artisan tailleur et d’une mère femme au foyer, elle grandit dans une famille engagée en politique et à une époque où les perspectives professionnelles pour les femmes noires sont rares.
Malgré cela, elle décide très tôt de s’engager dans une voie peu commune pour l’époque : celle de la médecine, plus précisément en tant que sage-femme.
Après des études brillantes, elle devient la première sage-femme guadeloupéenne diplômée, formée en métropole dans un contexte souvent hostile aux femmes ultramarines.
De retour en Guadeloupe, elle exerce d’abord dans des conditions rudimentaires, avant de gravir les échelons jusqu’à devenir surveillante générale du service de maternité du CHU de Pointe-à-Pitre, où elle marquera des générations de soignants et de patientes.
Mère de sept enfants, cette femme exceptionnelle exercera durant 37 ans au CHU.
Un engagement militant profond
La carrière médicale de George Tarer est indissociable de son combat pour la justice sociale et les droits des femmes. Très tôt, elle comprend que la santé des femmes ne peut être dissociée de leurs conditions économiques, sociales et politiques.
Elle est l’une des membres fondatrices de l’Union des Femmes Guadeloupéennes (UFG), organisation féministe progressiste fondée dans les années 1960. Elle en devient la présidente de 1976 à 1985.
À ce poste, elle milite pour :
- L’accès à la contraception et à l’avortement libre et sécurisé
- L’amélioration des conditions de travail des femmes
- L’égalité salariale
- La lutte contre les violences conjugales et sexuelles
- La valorisation des rôles féminins dans l’histoire guadeloupéenne
Elle incarne une féminisme antillais enraciné dans la réalité postcoloniale, intégrant les luttes contre le racisme, le sexisme, et les inégalités de classe.
Une femme politique et culturelle engagée
George Tarer ne limite pas son action à la santé ou au militantisme associatif. Elle s’engage aussi en politique, en devenant adjointe au maire de Pointe-à-Pitre, chargée des affaires sociales. À ce poste, elle initie de nombreuses politiques en faveur des femmes, des enfants, des personnes âgées et des plus démunis.
Son engagement est aussi culturel et mémoriel. Elle œuvre pour que les figures féminines guadeloupéennes soient mieux connues, célébrées et reconnues dans les lieux publics, les programmes scolaires, et la mémoire collective.
Un siècle à aimer : reconnaissance et postérité
Sa longévité exceptionnelle a permis de faire rayonner son œuvre bien au-delà du milieu médical.
La reconnaissance
En 1995, elle est faite Chevalier de la Légion d’Honneur,
En 20055, elle reçoit l’insigne d’Officier de la Légion d’Honneur,
En 2019, elle est faite Commandeur de la Légion d’Honneur, une reconnaissance rare pour une femme antillaise et militante.
En 2020, le documentaire « George Tarer, un siècle à aimer », réalisé par Steve James et coécrit avec Anne de Tarragon, retrace sa vie à travers des témoignages, des archives et des images fortes. Ce film a largement contribué à faire connaître son combat à un public plus large.
Une rue Porte son nom.
Héritage
George Tarer laisse un héritage immense :
- Dans la santé : elle a contribué à professionnaliser les soins aux femmes en Guadeloupe, en modernisant les pratiques de la maternité.
- Dans la société : elle a élevé la voix des femmes guadeloupéennes dans les débats publics.
- Dans l’histoire : elle a ouvert la voie à une génération de militantes, de soignantes et de femmes politiques.
« Nous ne sommes pas venues pour nous taire. Nous sommes venues pour faire entendre les voix des femmes d’ici. »George Tarer
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