SUZANNE ROUSSI -CESAIRE
(1915 – 1963)
Son enfance
Suzanne Roussi-Césaire, est née le 11 août 1915 dans le quartier de la Poterie aux Trois-Ilets en Martinique.
Son père, Benoît ROUSSI, est employé dans une usine sucrière, sa mère Flore WILLIAM, est institutrice.
Après avoir débuté ses études à l’école communale de Rivière-Salée puis le pensionnat de jeunes filles à Fort-de-France, Suzanne part faire des études de lettres à Toulouse puis à Paris à l’École Normale Supérieure.
La vie Parisienne
C’est à Paris, chez les sœurs Paulette et Jeanne Nardal, que Suzanne Roussi rencontre un groupe d’amis parmi lesquels se trouve l’écrivain Léon-Gontran DAMAS, la comédienne Jenny ALPHA, l’avocate Gerty ARCHIMEDE, future députée communiste et Léopold Sédar SENGHOR qui lui présentera Aimé CESAIRE.
Le groupe d’amis aime le théâtre, la musique et les concerts. On les retrouve souvent au bal Blomet ou autres lieux à la mode.
De plus, ils travaillent tous ensemble à la rédaction de la revue « L’étudiant noir ».
Tout comme les sœurs Nardal, Suzanne tient aussi un salon littéraire et musical avec ses amis.
Aimé Césaire et Suzanne Roussi se marient le 10 juillet 1938, à Paris.
Leur premier enfant Jacques, verra le jour un an plus tard. Ils auront 6 enfants ayant tous hérités de la fibre artistique et intellectuelle de leurs parents : Jacques (directeur artistique), Ina (écrivaine et ethnologue), Jean-Paul (ex-directeur de l’Atrium), Marc (professeur de lettres), Francis et Michèle (directrice de théâtre).
En, 1939, le couple retourne en Martinique et s’installe à Fort-de-France. Ils enseignent tous les deux au Lycée Schoelcher.
Une femme active
En 1941, alors qu’elle a 3 enfants, elle fonde avec Aristide MAUGEE, René MENIL et Aimé CESAIRE, la revue culturelle « Tropiques » qui deviendra la plus grande revue littéraire des Antilles.
C’est aussi elle qui apporte les articles au service d’information de l’Amiral Robert pour le contrôle des contenus et la demande de papier nécessaire à l’imprimerie.
En 1941, Suzanne et Aimé Césaire regagnent la Martinique contraints et forcés. Il ne faisait pas bon être juif ou nègre dans la France vaincue par l’Allemagne
En 1944, Suzanne Césaire est chargée d’une mission d’enseignement à Port-au-Prince, en Haïti.
Après la guerre, Suzanne Césaire retourne à Paris avec son époux, élu député du nouveau département à l’Assemblée nationale. Le couple s’installe au petit-Clamart. Suzanne abandonne sa propre création littéraire TROPIQUES en 1945.
De 1946 à 1963, Suzanne Césaire vit au gré de l’intense activité littéraire et politique de son époux. Mais tout en enseignant les lettres au Lycée Victor Hugo en région parisienne, elle est sur tous les fronts. Elle prend une part très active aux mouvements féministes (Union des Femmes Françaises) et défend les grandes causes humanitaires. Son militantisme lui aurait d’ailleurs valu le surnom de « Panthère Noire ».
En meme temps, elle écrit ou adapte aussi des pièces de théâtre pour ses élèves, tout en élevant ses 6 enfants pour laquelle elle essaie d’inculquer les valeurs de l’éducation traditionnelle antillaise.
Elle reste aussi une militante active en distribuant chaque dimanche le journal l’Humanité.
Après TROPIQUES, Suzanne Césaire adaptera, en 1952, une nouvelle de Lafcadio HEARN (Youma) pour un groupe théâtral martiniquais.
Cette pièce, intitulée « Aurore de la liberté », traite de la révolte de mai 1848 en Martinique. Mis en scène par un groupe amateur de Fort-de-France, ce texte ne sera malheureusement jamais publié.
Les activités chargées, le poste d’élu et les déplacements fréquents de son mari auront raison de son couple. En 1963, Suzanne Césaire se sépare de son mari, Aimé Césaire.
Suzanne Roussi-Césaire décède le 16 mai 1966, dans les Yvelines en France, à l’âge de 50 ans.
Les traces de son influence restent visibles dans l’œuvre de nombreux auteurs contemporains, tels que Daniel Maximin ou Édouard Glissant.
Sa vision d’une littérature antillaise ancrée dans une terre qui fait partie de ce peuple « aux quatre races et aux douzaines de sang », son refus de l’exotisme littéraire, et sa reconnaissance des relations dynamiques et interculturelles en jeu aux Antilles continuent à fasciner et à inspirer.
La reconnaissance
Le collège des Trois-Ilets porte le nom de Suzanne Roussi.
Daniel MAXIMIN a aussi rendu un vibrant hommage à Suzanne Roussi dans son ouvrage intitulé « Le grand camouflage »
Suzanne Roussi a laissé à tous ceux qui l’ont connu, le souvenir d’une femme remarquable. On a souvent vanté sa beauté, mais il faut avant tout retenir sa grande intelligence, sa culture et son énergie.
Ses thèses et sa personnalité ont beaucoup influencé ses contemporains et marqueront à jamais la littérature antillaise et sont à l’origine d’école comme l’antillanité, la créolité.
BIBLIOGRAPHIE
Essais:
- Léo Frobenius et le problème des civilisations . Tropiques I (1941): 27-36.
- Alain et l’esthétique . Tropiques II (1941): 53-61.
- André Breton, poète… . Tropiques III (1941): 31-37.
- Misère d’une poésie: John Antoine-Nau . Tropiques IV (1942): 48-50.
- Malaise d’une civilisation . Tropiques V (1942): 43-49.
- 1943: Le Surréalisme et nous . Tropiques VIII-IX (1943): 14-18.
- Le Grand camouflage . Tropiques XIII-XIV (1945): 267-73.
- Le Grand Camouflage. Écrits de dissidence (1941/1945). Textes de Suzanne Césaire réunis.
SOURCES :
https://la1ere.francetvinfo.fr/
http://www.madinin-art.net/?s=Suzanne Roussi
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