RONY THEOPHILE
Ambassadeur du patrimoine guadeloupéen
Son enfance
Rony Théophile voit le jour en décembre 1963 aux Abymes, en Guadeloupe, au sein d’une famille attachée à ses racines et fière de sa culture créole.
Il grandit dans un environnement où la musique, la danse et les traditions populaires font partie intégrante du quotidien.
Sa grand-mère, Arsène Olimé Théophile, figure respectée dans la communauté, lui transmet dès son plus jeune âge le goût des belles tenues créoles, des coiffes traditionnelles et des cérémonies festives.
Enfant curieux et observateur, Rony est rapidement attiré par les sons des tambours, les rythmes entraînants du Gwo-ka et les voix puissantes qui animent les bals de quartier. Les fêtes patronales et le carnaval, avec leurs costumes colorés et leur effervescence, deviennent pour lui de véritables moments d’éveil artistique.
C’est à l’âge trois ans seulement qu’il foule pour la première fois une scène, déjà à l’aise face au public, laissant entrevoir une aisance naturelle et un charisme prometteur.
Artiste précoce
À l’école, il se distingue non seulement par ses résultats mais surtout par ses talents artistiques. Ses professeurs remarquent sa facilité à apprendre les chorégraphies, son sens du rythme et sa voix déjà assurée pour son âge. Encouragé par sa famille et ses enseignants, il intègre dès l’âge de 12 ans la troupe folklorique La Brisquante et multiplie les prestations publiques lors de fêtes communales, de galas scolaires et autres événements culturels. Au sein du groupe, il apprend la discipline de la scène, le respect des traditions et le travail d’équipe.
Très impliqué dans la valorisation du patrimoine, il se passionne pour les danses traditionnelles (biguine, quadrille, haute-taille) et perfectionne son art vocal, en s’inspirant des anciens chanteurs de bal.
Très vite, il se produit lors de représentations publiques, vêtus de costumes traditionnels flamboyants et originaux inspirés cousus par sa grand-mère. Ces moments scéniques, mêlant danse, chant et poésie, forgent son aisance devant un public et nourrissent sa fierté d’appartenir à une culture riche et vivante.
À 16 ans, déjà reconnu pour son charisme et sa voix chaude, Rony décroche l’Oscar du Premier Souffle, une distinction destinée à encourager les jeunes talents prometteurs.
La même année, il publie un recueil de poèmes intitulé « Liberté« , témoignage d’une sensibilité littéraire et d’un engagement précoce pour l’expression créole.
Son départ vers Paris
À la fin de son adolescence, Rony quitte la Guadeloupe afin de poursuivre des études à Paris. Il envisage d’abord une carrière dans le domaine médical et entame des études d’infirmier mais sa passion pour la scène reprend vite le dessus.
Il décide alors de se former sérieusement à la danse et au spectacle. C’est ainsi qu’il commence à fréquenter des cours de danse professionnels et qu’il intègre la troupe « La Brisquante de Paris » avec lequel il participera à des shows et autres émissions télévisées notamment chez Patrick Sabatier.
Par la suite, Rony deviendra choriste de Joby Valente et Moune de Rivel et fera connaissance avec Gérard Lavigny. Ces collaborations enrichissent son répertoire et affirment son identité artistique.
L’ouverture vers l’international
Il part en tournée avec la troupe La Brisquante de Paris, et se produit en Europe et en Afrique du Nord, partageant la scène avec Myriam Makeba lors de la revue du Brazil Show dirigée par Brazil Négon.
Souhaitant se perfectionner, en 1990, Rony Théophile décide de partir à New-York pour intégrer la prestigieuse Alvin Ailey American Dance Theater School. Il apprend à fusionner les influences caribéennes avec d’autres styles de danse (samba et africaine). Il se forme également au Broadway Theater, où il s’imprègne de l’univers des comédies musicales et du show à l’américaine. Il fera connaissance avec le groupe haïtien Phantom’s, et participera avec eux à des festivals prestigieux .
Rony devient second soliste dans la chorale d’Anita Bower et découvre de nouvelles sonorités. Cette collaboration l’amène à représenter Haïti au Festival de la Francophonie en 1996, où il remporte le prix de meilleure interprétation masculine et celui de la meilleure performance scénique.
En 1998, Rony reçoit le titre de meilleure voix masculine aux Haïtian Music Awards au Brooklyn College, consacrant ainsi son rayonnement international.
Carrière solo & style unique au cœur du patrimoine créole
De retour en Guadeloupe en 1999, Rony Théophile entame une carrière solo , avec la biguine comme signature musicale.
Son premier album live « Émotion » est salué par la critique. Ce premier opus, enregistré avec orchestre, met en valeur son interprétation nuancée et sa maîtrise des répertoires traditionnels.
Ce disque lui vaut un Prix SACEM, confirmant ainsi son entrée remarquée dans la cour des grands.
Dix ans plus tard, en 2009, il revient avec l’album « Lakaz Simplement biguine« . Ce projet intime replonge dans l’univers feutré des biguines de salon, rendant hommage aux musiciens d’antan et à l’élégance musicale créole.
En 2011, « Cœur Karaïbes » élargit son horizon musical. Tout en conservant la biguine au cœur de l’album, Rony y intègre des mazurkas et des ballades romantiques, évoquant la beauté des paysages et l’âme caribéenne sans oublier le fameux titre “Zozio-la”, indissociable de ses concerts et surtout de sa prestation à la Route du Rhum.
Avec « Couleurs Kreyon » en 2014, l’artiste signe un disque joyeux et coloré, vibrant d’influences diverses, du carnaval guadeloupéen aux rythmes afro-antillais.
En 2017, il publie « Simplement moi »…, un album plus introspectif, où il se livre à travers des textes personnels, tout en gardant l’authenticité des orchestrations créoles.
Son album le plus récent, « Métissagéritaj » sorti en 2021, est un hommage au métissage culturel caribéen. Les arrangements y sont modernes, mais la base reste profondément ancrée dans les traditions. Ce disque témoigne de sa maturité artistique et de sa volonté de faire dialoguer passé et présent.
En parallèle, Rony Théophile a signé des titres marquants comme « Pa Bougé », enregistré dans les années 1990 avec le groupe haïtien Phantom’s, et plus récemment « Sonjé » sorti en avril 2025, un single émouvant consacré à la mémoire et aux liens familiaux.
Chaque album de Rony Théophile est une invitation à voyager à travers l’histoire et les émotions de la Guadeloupe, preuve de son engagement à préserver et faire rayonner la musique créole.
Un artiste aux dons multiples
Rony Théophile est un homme de culture aux talents multiples. Très engagé comme on l’a dit à plusieurs reprises dans la promotion du patrimoine guadeloupéen, Rony attache une grande importance à la valorisation du carnaval, du costume traditionnel, et la gastronomie locale.
Avec passion, il défend le riche héritage de sa grand‑mère, notamment pour les coiffes créoles.
Rony Théophile et la Gastronomie créole
Rony Théophile n’est pas seulement chanteur, danseur et ambassadeur de la biguine, il est aussi un fervent défenseur de la gastronomie créole.
Digne héritier de savoir-faire transmis par sa grand-mère, cuisinière réputée, il considère la cuisine comme un art majeur de la culture guadeloupéenne, au même titre que la musique ou la danse.
Vice-président de l’Association des Cuisinières de la Guadeloupe
Rony Théophile est aussi le Vice-président de l’Association des Cuisinières de Guadeloupe.
Cette association emblématique, qui vient de fêter ses 109 ans d’existence, rassemble les gardiennes de la tradition culinaire créole. Les Cuisinières sont connues pour leurs somptueuses tenues et pour leur mission de préserver et transmettre les recettes d’antan.
En tant que vice-président, Rony participe à l’organisation des grands rendez-vous culinaires et culturels, comme la Fête des Cuisinières à Pointe-à-Pitre le jour de la Saint Laurent, où la procession, les bénédictions et les banquets mettent à l’honneur les plats traditionnels et le patrimoine vestimentaire.
Au travers de ses interventions publiques, ses écrits et ses apparitions dans des événements gastronomiques, Rony Théophile promeut les produits locaux : épices, légumes pays, poissons, viandes et fruits tropicaux.
Il insiste sur l’importance de préserver les saveurs authentiques et les méthodes de préparation traditionnelles, tout en encourageant l’innovation culinaire. Pour lui, la cuisine guadeloupéenne n’est pas seulement un savoir-faire, mais un vecteur de mémoire et d’identité qui relie les générations et raconte l’histoire du peuple guadeloupéen, des influences amérindiennes aux apports africains, indiens et européens.
Un véritable ambassadeur culturel
En plus de sa carrière musicale, Rony Théophile est aussi écrivain et auteur d’ouvrages qui prolongent son engagement pour la culture et le patrimoine guadeloupéen. Ses publications mêlent recherche historique, mémoire collective et mise en valeur des traditions.
Fervent militant et de la tradition, Rony Théophile s’engage dans la promotion du patrimoine guadeloupéen notamment par la promotion du carnaval et des costumes traditionnels.
En 2015, il publie « Guadeloupe Chronique Carnaval« , un vibrant hommage au carnaval guadeloupéen.
Richement illustré de photos en couleurs, Rony retrace l’histoire de cette fête populaire, ses personnages emblématiques, ses costumes, ses musiques et ses évolutions.
L’ouvrage est conçu comme un carnet de voyage au cœur de l’un des événements les plus importants de la vie culturelle guadeloupéenne.
En 2021, Rony récidive avec « Tèt Maré Gwadloup, La route du madras de l’Inde à la Guadeloupe« .
Ce deuxième ouvrage est consacré aux coiffes traditionnelles portées par les femmes guadeloupéennes. L’artiste y explore aussi ses origines indiennes au travers du commerce du madras, son intégration dans les costumes traditionnels créoles et sa signification culturelle.
L’ouvrage est agrémenté de superbes photographies de coiffes, de portraits et de scènes festives, faisant de ce livre un véritable trésor patrimonial.
Rony Théophile est bien plus qu’un artiste flamboyant , c’est un passeur de la mémoire guadeloupéenne, un créateur complet de la mémoire collective au travers de la scène, de la danse, des arts et du spectacle.
La reconnaissance
En reconnaissance de son engagement, Rony Théophile a reçu en 2008, la médaille d’or du Conservatoire du Patrimoine Culturel de Guadeloupe, et en 2009 les Palmes d’Argent de l’Encouragement Public.
Sources
- Aztec musique
- Rony Théophile – ZoukJam
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