Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

6 novembre 2025

LAURA FLESSEL

LA GUEPE

(1971)

Première escrimeuse française la plus titrée de l’histoire olympique, Laura Flessel-Colovic est bien plus qu’une championne.

Née à Pointe-à-Pitre et élevée à Petit-Bourg, elle a transformé une passion d’enfance en une épopée sportive et humaine hors du commun.

Double championne olympique, figure d’excellence et d’humilité, elle a hissé haut les couleurs de la Guadeloupe et de la France, avant de s’engager pour la jeunesse, la diversité et la reconversion des champions.

Son parcours illustre à lui seul la devise qui guide sa vie :

« Ne jamais baisser la garde, dans le sport
comme dans la vie. »

Son enfance

Laura Flessel voit le jour le 6 novembre 1971 à Pointe-à-Pitre, au cœur de la Guadeloupe.

Elle grandit à Petit-Bourg, commune verdoyante entre mer et montagne, où l’enfance se vit dehors, pieds nus sur la terre chaude, entourée de rires et de complicité fraternelle.

Deuxième d’une fratrie de quatre enfants, Laura est une enfant vive, curieuse et déterminée. Son père travaille dans le domaine technique, sa mère dans l’éducation — deux parents exigeants mais attentifs, qui lui transmettent le goût du travail bien fait et le respect des autres.

Son tempérament affirmé se manifeste très tôt. Alors que sa mère rêve de la voir danser en tutu rose, la petite Laura, à six ans, découvre par hasard un combat de sabre à la télévision. Fascinée par la gestuelle, la précision, la tension du duel, elle déclare :

« C’est ça que je veux faire !« 

Le lendemain, elle se présente d’elle-même à un maître d’armes :

 » Bonjour, je suis Laura, et je veux faire du sabre. « 

Les filles n’étant pas encore admises à pratiquer cette arme, elle débute au fleuret , discipline de finesse et de stratégie.

Dès le premier entraînement, elle rentre à la maison épuisée, mais rayonnante. Elle a trouvé sa voie.

Son énergie, sa rapidité et sa vivacité lui valent bientôt un surnom : « la Guêpe ».

A 14 ans, repérée pour son potentiel, elle reçoit une proposition pour partir s’entraîner en métropole. Elle refuse :

«  Je ne suis pas encore prête à quitter ma famille. « 

Elle poursuit sa scolarité au lycée de Petit-Bourg, mène une vie simple et joyeuse entre les entraînements et la nature tropicale. Ce n’est qu’après le baccalauréat qu’elle quitte la Guadeloupe pour rejoindre l’INSEP, à Paris, le grand centre de formation des champions français.

C’est le début d’une ascension fulgurante.

La guerrière de l’escrime française

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À son arrivée à l’INSEP, Laura découvre un autre monde : la rigueur militaire, la compétition constante, la solitude du haut niveau.
Elle abandonne le fleuret pour l’épée, arme plus directe, autorisant les touches sur tout le corps.
Cette liberté lui convient parfaitement. Elle s’impose rapidement grâce à son jeu offensif et déstabilisant : gauchère, elle attaque souvent les pieds de ses adversaires, technique rare et redoutable.

En 1995, elle décroche le titre de championne de France.
Un an plus tard, elle entre dans l’histoire :
aux Jeux Olympiques d’Atlanta (1996), l’épée féminine est pour la première fois au programme.
Laura Flessel remporte deux médailles d’or : l’une en individuel, l’autre par équipe.

Le public français découvre alors une championne au regard de feu, silencieuse mais conquérante.
Les médias la surnomment à nouveau « la Guêpe » : menue, vive, mais terriblement piquante.

« On me disait que j’étais dans ma bulle. C’est vrai. J’étais là pour une seule chose : gagner. »

La Guêpe au palmarès inégalé

Sur plus de vingt ans de carrière, Laura Flessel accumule les victoires et surmonte les défaites avec philosophie :

« Soit je gagne, soit j’apprends. » — Nelson Mandela

🥇 Son palmarès impressionnant :

  • Jeux Olympiques :

    • 3 médailles en épée individuelle (dont l’or en 1996)

    • 2 médailles en épée par équipe

  • Championnats du monde :

    • 6 médailles en individuel (or en 1998 et 1999)

    • 7 médailles par équipe (or en 1998, 2005, 2007, 2008)

  • Championnats d’Europe :

    • 3 médailles en individuel (or en 2007)

    • 3 par équipe

  • Coupe du monde :

    • 3 titres (2002, 2003, 2004)

  • Championnats de France :

    • 15 titres (dont 6 individuels)

Une longévité rare, une régularité exemplaire : Laura Flessel devient la femme la plus titrée de l’histoire de l’escrime française.

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Femme et maman : l’équilibre du cœur et de l’épée

À 23 ans, Laura rencontre Denis Colovic, journaliste sportif.
Leur première rencontre est une interview, qui se transforme en coup de foudre.
Ils se marient et forment un couple soudé, où Denis devient à la fois son mari, son entraîneur moral et son premier supporter.

En 2001, elle donne naissance à Leïlou, leur fille.
Six semaines après l’accouchement, elle reprend l’entraînement et participe, quatre mois plus tard, aux Championnats du monde… où elle remporte la médaille d’argent.

Ce retour express bouleverse les codes du sport féminin.
Elle prouve qu’une femme peut être mère et championne, sans renoncer à ses rêves.

Porte-drapeau de la délégation française aux JO de Londres 2012

À 41 ans, Laura Flessel est choisie pour être porte-drapeau de la France aux Jeux Olympiques de Londres (2012).
C’est une consécration : la reconnaissance d’une carrière exemplaire et d’une femme respectée.

Elle ne remporte pas de médaille cette fois, mais sa sortie est symbolique :
elle quitte la piste la tête haute, sous les applaudissements du monde entier.

Une reconversion engagée : du podium à l’action sociale

Après la compétition, Laura Flessel se consacre à la transmission et à l’action sociale.
Elle fonde un club d’escrime à Clichy, dans un quartier populaire, et milite pour l’accès au sport pour tous.

Elle devient ambassadrice de grandes causes :

  • Secours Populaire,

  • Association ELA (maladies génétiques),

  • Gay Games,

  • Campagne “Sport pour Tous” de l’UNICEF.

Elle sillonne la France et les Outre-mer pour encourager la pratique sportive comme vecteur d’inclusion et de cohésion.

Ministre des Sports (2017–2018)

En mai 2017, le président Emmanuel Macron lui propose d’intégrer le gouvernement en tant que ministre des Sports.

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La petite Guadeloupéenne de Petit-Bourg devient la première femme noire à occuper ce poste en France.

Durant son mandat, elle œuvre pour :

  • la préparation des Jeux Olympiques de Paris 2024,

  • la promotion du sport féminin,

  • la lutte contre les violences et le harcèlement sexuel dans le sport,

  • le chant de la Marseillaise avant les compétitions, symbole d’unité.

Malgré son engagement sincère, le monde politique ne correspond pas à ses valeurs.
En septembre 2018, elle quitte le gouvernement avec dignité.

« J’ai voulu servir avec droiture. Mais je préfère me retirer que trahir mes convictions. »

Sport Excellence Reconversion : aider les champions à rebondir

Forte de son expérience, Laura cofonde Sport Excellence Reconversion, une école implantée à Marseille, qui accompagne les sportifs de haut niveau dans leur seconde carrière.

Elle y partage son expérience et ses compétences pour les aider à valoriser leurs qualités humaines :
discipline, gestion du stress, leadership, persévérance.

Son objectif : transformer les champions d’hier en acteurs épanouis du monde professionnel de demain.

Héritage et inspiration

Aujourd’hui, Laura Flessel est une figure majeure du sport français,
mais aussi une femme d’engagement et un symbole de réussite ultramarine.

Elle a inspiré toute une génération de jeunes Antillais à croire en leurs rêves,
et montré qu’avec détermination et intégrité, aucune barrière ne résiste à la volonté.

« La victoire, c’est de se relever
chaque fois qu’on tombe. »
 

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