Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

20 août 2025

Fanswa Ladrezeau

Voix du Gwoka mémoire vivante de la Guadeloupe

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Fanswa Ladrezeau, de son vrai nom François Ladrezeau, est l’un des plus grands défenseurs et ambassadeurs du Gwoka, musique traditionnelle de Guadeloupe portée par les tambours, le chant, la danse et l’histoire du peuple afro caribéen.

À travers sa voix grave, son engagement sans relâche et sa connaissance profonde des rythmes, il incarne une mémoire vivante et un passeur de culture.

Une enfance bercée par le ka

Né dans les années 1950 à Pointe-à-Pitre, au cœur du quartier populaire de Lauricisque, haut lieu de tradition et de transmission orale, Fanswa grandit dans un environnement où le KA est omniprésent.

Très tôt, il est fasciné par le son des tambours, lors des léwoz et autres manifestations culturelles. Il y rencontre des figures inspirantes telles que Carnot, Guy Konkèt, mais aussi Marcel Lollia dit Vélo, qui deviendra son mentor et son modèle.

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Le maître tambouyé Vélo, bouleverse le jeune Fanswa par sa capacité à faire ressentir autant d’émotions avec le KA. À travers lui, il comprend que le KA n’est pas qu’un instrument, c’est un cri, une mémoire, une dignité.

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Quelques années plus tard, Fanswa s’affirmera comme l’un de ses héritiers les plus fidèles en reprenant son flambeau pour le porter vers de nouveaux horizons.

Rencontre décisive avec akiyo

Début 1980, Fanswa Ladrezeau s’investit pleinement dans les milieux culturels et associatifs de Pointe-à-Pitre.

Sa rencontre avec le collectif Akiyo, groupe carnavalesque et militant fondé en 1979, marque un véritable tournant dans sa trajectoire artistique et personnelle.

Le groupe a été créé par des musiciens et des militants désireux de redonner au carnaval sa dimension populaire et contestataire.

Au sein d’Akiyo, Fanswa découvre un espace de liberté et d’affirmation. Les répétitions, les déboulés et les veillées renforcent son charisme naturel et lui offrent l’occasion d’affirmer sa voix grave et habitée, son sens du rythme et sa maîtrise du KA.

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Très vite, le collectif devient pour lui une véritable famille culturelle et militante.

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Les grands déboulés carnavalesques lui révèlent la puissance de la musique collective. Derrière les tambours et les chants militants, ce sont des milliers de personnes qui marchent, chantent et vibrent à l’unisson.

Les rythmes deviennent des slogans, les paroles se transforment en mémoire vivante.

À travers Akiyo, Fanswa découvre la dimension totale du gwo ka Il ne s’affirme plus seulement comme un musicien, mais comme un porte-parole d’un peuple, un témoin et un héritier qui fait résonner l’histoire et l’identité guadeloupéenne.

Pour lui, le Gwoka n’est pas une musique figée dans le passé : c’est un art vivant, en perpétuelle évolution, qui raconte les combats et les espoirs d’un peuple.

Les moments marquants avec Akiyo

Tout au long de sa carrière, Fanswa Ladrezeau vit aux côtés d’Akiyo des épisodes qui forgent sa réputation d’artiste engagé et de militant culturel.

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Ces moments, mêlant musique, résistance et ferveur populaire, marquent durablement son parcours et l’histoire contemporaine de la Guadeloupe.

Le carnaval contestataire des années 1990

Dans les années 1990, Akiyo se heurte aux autorités, qui jugent son discours trop contestataire et tentent d’interdire ses défilés. Mais l’interdiction ne fait qu’accentuer la détermination du groupe. Malgré les pressions, les tambours d’Akiyo résonnent dans les rues, et la population se mobilise massivement pour suivre le collectif.
Dans cette lutte, Fanswa Ladrezeau, avec sa voix puissante et son tambour KA, devient l’un des symboles vivants de la résistance culturelle. Sa présence galvanise les foules et rappelle que le Gwoka n’est pas un simple folklore, c’est une parole de liberté.

Les grands déboulés des années 2000

Au tournant des années 2000, Akiyo connaît des déboulés carnavalesques spectaculaires, rassemblant parfois plus de 20 000 personnes dans les rues de Pointe-à-Pitre.

Des marées humaines, vêtues de rouge et de noir, suivent la cadence des tambours et des chants militants.

Fanswa, en meneur, guide ces foules par sa voix et son jeu de tambour transformant chaque performance en rituel de mémoire et de lutte.

Ces moments laissent une empreinte indélébile dans la mémoire collective. Le ka, porté par Akiyo et par Ladrezeau, s’affirme comme une force sociale et identitaire capable de faire vibrer une nation entière.

 

La grève générale de 2009

En janvier 2009, la Guadeloupe entre dans une grève générale historique contre la vie chère, un mouvement social sans précédent qui paralyse l’île pendant plusieurs semaines.

Aux côtés des syndicats et des associations, Akiyo descend dans la rue, tambours en main.

La musique du collectif devient alors une arme pacifique mais redoutable : elle donne du rythme aux cortèges, maintient la ferveur et unit les manifestants. Fanswa Ladrezeau, en première ligne, témoigne de ce moment comme d’une révélation :

« Le KA est plus qu’une musique,
c’est une arme de dignité. »

Dans ces instants, le tambour n’est pas seulement un instrument, il devient un cœur battant pour tout un peuple en lutte.

Une ouverture vers le monde international avec The Voice

En 2019, Fanswa Ladrezeau décide de franchir une nouvelle étape en portant le Gwoka sur une scène internationale.

Il participe à la saison 8 de The Voice France, l’un des plus grands concours de chant télévisés.

Son audition à l’aveugle est restée dans les mémoires.

Avec le titre créole « An pa kay », interprété avec son tambour ka, il impose d’emblée une présence unique.

Son chant puissant et habité, accompagné du battement ancestral du ka, séduit le jury et émeut les téléspectateurs. Il rejoint l’équipe de Soprano et poursuit l’aventure jusqu’aux épreuves des Battles

Même s’il ne remporte pas la compétition, son passage marque les esprits et restera un moment fort de l’émission.

Pour beaucoup d’Antillais, voir un artiste de Gwoka sur une grande chaîne nationale représente une victoire symbolique, celle de la reconnaissance d’une musique longtemps marginalisée, portée désormais sur les grandes scènes médiatiques.

Militant & Ambassadeur du patrimoine guadeloupéen

Après The Voice, Fanswa Ladrezeau renforce son engagement artistique et culturel.

Il multiplie les concerts en Guadeloupe, en France hexagonale et à l’international.

À travers ses concerts, ses collaborations et ses ateliers pédagogiques, il transmet aux jeunes la richesse du ka.

Pour lui, chaque frappe sur le tambour est une manière de dialoguer avec les ancêtres, chaque chanson est un message de mémoire et d’espoir.

Avec le groupe Akiyo comme en solo, il incarne la fierté guadeloupéenne et devient l’un des ambassadeurs du patrimoine immatériel caribéen.

Chanteur et un militant

Fanswa Ladrezeau n’est pas seulement musicien : il est conteur, poète et militant engagé. À travers ses chansons, il raconte l’histoire de l’esclavage, de la révolte, de la résistance.

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Il dénonce l’oppression, valorise la langue créole, et appelle au respect de la mémoire collective. Sa voix porte l’émotion, l’intelligence populaire, et une profonde humanité.

Ses collaborations

François Ladrezeau a collaboré avec divers artistes et groupes, enrichissant sa discographie.

Avec Akiyo il a participé à plusieurs albums, dont « Mémoires » en 1992, « Mouvman » en 1993 et « Dékatman » en 1996, qui abordent des thèmes sociaux et politiques.

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En 2015, il enregistre l’album « Rèkonésans » en duo avec le pianiste Michèl Mado.

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Fanswa s’est aussi associé à Fred Deshayes, fondateur du groupe Soft, qui a modernisé la chanson guadeloupéenne.

Ensemble, ils explorent les passerelles entre Gwoka et zouk acoustique. Dans le titre « Jouvert Barrio », on retrouve la voix de Fanswa Ladrezeau et le rythme du tambour, qui donnent au morceau une profondeur héritée de la tradition.

Cette rencontre témoigne de la capacité du ka à se mêler aux sonorités contemporaines.

En 2024, il collabore aussi avec le groupe caribéen The Bolokos sur le morceau « Kouté Pou Tann« , un mélange de Gwoka et de punk rock. 

Discographie 

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Philosophie   &  Transmission

Pour François Ladrezeau, le Gwoka est bien plus qu’une musique : c’est une « divinité » qui lui a tout donné.

Il considère sa pratique comme une forme de résistance et de spiritualité, un moyen de dénoncer les injustices sociales en Guadeloupe.

Il s’identifie comme un « RasKa » (soldat du ka) et s’engage activement dans la transmission de cette tradition auprès des jeunes générations.

Apparitions médiatiques

En 2023, François Ladrezeau se produit dans l’émission « Le Presque Late Show » de Jordan Rizzi, interprétant le morceau le morceau « Mas-La« .

Plus qu’un artiste, Fanswa Ladrezeau est un passeur de culture, un homme qui fait résonner la voix de la Guadeloupe bien au-delà de ses rivages.

Onè é Respè !!

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