Albert Clarac
(1854–1934)
Pionnier de la médecine tropicale moderne
Une naissance ancrée aux Antilles
Albert Clarac voit le jour le 13 janvier 1854 à Fort-de-France, en Martinique. Il est le cinquième enfant d’une fratrie de neuf enfants, d’un père béarnais installé aux Antilles et d’une mère créole.
Ce métissage culturel et géographique marquera profondément son attachement à la région caraïbe et à la cause sanitaire dans les colonies.
👶 L’enfance d’Albert Clarac
Son père, Gustave Louis Clarac, originaire de Nay, dans les Pyrénées-Atlantiques, est un métropolitain venu s’installer aux Antilles dans un contexte de développement colonial.
Sa mère Marguerite Virginie Jaham Desrivaux issue d’une lignée créole de békés, l’élève dans un cadre marqué par le métissage culturel.
Cette double appartenance, entre Europe et Caraïbe, influencera durablement sa vision du monde.
La famille Clarac appartient à la petite bourgeoisie locale, sans être particulièrement fortunée. Les enfants reçoivent une éducation stricte, centrée sur la discipline, la religion catholique et les valeurs républicaines naissantes. On y cultive la lecture, le respect du devoir et l’intérêt pour les sciences.
Un enfant curieux du monde qui l’entoure
Albert grandit dans un Fort-de-France encore marqué par les conséquences de l’abolition de l’esclavage (1848), où les inégalités sociales restent vives. Il observe les réalités du quotidien colonial : la cohabitation de cultures, les maladies tropicales, les bouleversements politiques.
Très tôt, il développe un intérêt pour la médecine, encouragé par des lectures et par la présence de médecins de marine dans l’entourage familial. On dit de lui qu’il était un enfant réfléchi, observateur, sensible à la souffrance des autres.
Le départ pour la métropole
Vers l’âge de 15 ou 16 ans, sa famille l’envoie en métropole pour poursuivre des études secondaires, une pratique courante dans les familles bourgeoises antillaises de l’époque.
Il quitte alors sa Martinique natale pour intégrer un lycée à Miramont.
Il obtient un baccalauréat ès lettres à Bordeaux en 1874 puis il séjournera ensuite à Brest, chez une cousine Marie-Louise Jaham Desrivaux épouse du Docteur Désiré Lucas qui aura une forte influence sur lui.
Désiré Lucas lui transmet le goût de son métier et le prépare à différents examens et concours. A l’issue de son baccalauréat, Albert Clarac valide en deux mois une première année de médecine et intègre l’École de médecine navale de Brest un haut lieu de formation pour les futurs médecins de la marine et des colonies.
Dès 1876, il devient médecin de marine. Animé par la volonté de servir, il entame une carrière de terrain, au plus près des populations et des maladies tropicales.
🌍 Une carrière au service des tropiques
Dès 1876, Albert Clarac devient médecin de marine. Il entame une carrière de terrain hors du commun et sera affecté, tour à tour, en Martinique, en Guyane, à La Réunion, à Madagascar, puis en Indochine. Sur ces territoires, il affronte de grands fléaux sanitaires tels que la fièvre jaune, le paludisme, la dysenterie, avec une ténacité remarquable.
En Guyane, sa mission dépasse le soin, il restructure les services de santé, forme le personnel local, impose l’hygiène publique et développe les infrastructures médicales coloniales dans des conditions extrêmes. Il prend fait et cause pour les bagnards, dénonçant des conditions sanitaires inhumaines.
Il se forge ainsi une réputation de médecin rigoureux, doté d’un sens aigu de la justice sociale, soucieux du bien-être des populations locales, y compris des plus marginalisés.
Fondateur et formateur au Pharo
En 1900, Albert Clarac devient le premier directeur de l’École d’application du service de santé des troupes coloniales de Marseille, mieux connue sous le nom d’École du Pharo.
Au travers cette institution, il transmet son savoir et son expérience à des générations de praticiens qui exerceront aux quatre coins de l’empire.
Il y insuffle une éthique exigeante, fondée sur l’observation scientifique, la prévention, l’hygiène et le respect des cultures locales. Grâce à lui Pharo devient centre d’excellence de la médecine tropicale.
En Indochine : l’expertise sanitaire à grande échelle
De 1905 à 1913, Albert Clarac est nommé directeur du service de santé en Indochine. Il y révolutionne l’organisation hospitalière, orchestre de vastes campagnes de vaccination et de lutte contre les épidémies.
Sa gestion visionnaire et ses méthodes novatrices marquent profondément l’Asie coloniale.
En temps de guerre, toujours médecin
Durant la Première Guerre mondiale, Albert Clarac est promu inspecteur général du service de santé. Il supervise les soins et la logistique médicale pour les soldats, notamment ceux issus des colonies.
Il veille à leur condition sanitaire et milite encore une fois pour un traitement équitable de ces troupes venues d’outre-mer.
✍️ Un homme de mémoire
À sa retraite, installé à Paris, il reste actif dans les cercles scientifiques, notamment à la Société de pathologie exotique. Il entreprend la rédaction de ses mémoires, qu’il destine à sa descendance et à l’histoire.
Ce précieux témoignage raconte non seulement son parcours, mais aussi l’histoire sanitaire, coloniale et militaire de son époque sur la médecine coloniale.
L’ouvrage sera publié bien après sa mort sous le titre sous le titre »Mémoires d’un médecin de la marine et des colonies (1854–1934) ». Albert Clarac meurt le 25 mai 1934, à l’âge de 80 ans.
🏅 Honneurs & reconnaissance
Albert Clarac a été promu à différentes reprises
- Commandeur de la Légion d’honneur
- Commandeur de l’Étoile noire du Bénin,
- Commandeur de l’Étoile d’Anjouan,
- Officier du Dragon d’Annam, plusieurs médailles argent des épidémies
- Distinctions de la médecine : prix Clarens, prix Vernois, prix Vaccine de l’Académie de médecine.
- Mémoire : ses mémoires manuscrites (jeunesse à 1918) furent mises en forme et publiées en 1994 par le Service historique de la Marine
Un héritage vivant en Martinique
Son nom reste vivant grâce à l’Hôpital Albert Clarac à Fort-de-France, installé sur les hauteurs de la ville.
D’abord sanatorium militaire, puis centre hospitalier spécialisé en soins palliatifs et cancérologie, l’établissement continue d’incarner les valeurs portées par Clarac : l’humanité, l’engagement médical et la rigueur scientifique.
Pendant des décennies la salle de réunion du directeur de l’école du Pharo a porté le nom de salle Albert Clarac.
Sources
L’encyclopédie des Antilles Guyane
Mémoire d’un médecin de la marine
Wikipédia
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