Written by Chantal CHARLES-ALFRED

Chantal Charles-Alfred, est originaire du Morne-Rouge en Martinique. Depuis sa plus tendre enfance, elle a été baignée lors des rencontres familiales par des anecdotes diverses sur les différents membres de la famille. Sa passion pour la généalogie est un héritage de son grand-père qui connut une vie remplie d’histoire et d’anecdotes.

9 novembre 2025

Alain Ho Hio Hen
Le bâtisseur discret des Antilles 

(1937-2019)

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De la modeste épicerie des Terres-Sainville à l’essor d’un groupe régional, Alain Ho Hio Hen a incarné la rigueur, la solidarité et l’excellence familiale au service de la Martinique et de la Caraïbe

L’histoire des Ho Hio Hen débute à Canton (Guangzhou), dans le sud de la Chine, au tournant du XXᵉ siècle.

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A une époque marquée par la pauvreté rurale et les guerres civiles, de nombreuses familles chinoises quittent leur province natale pour chercher de meilleures conditions de vie dans les colonies françaises d’Asie ou d’Amérique.

C’est dans ce contexte que les ancêtres Ho Hio Hen entament une migration vers la Guyane française, avant de rejoindre la Martinique dans les années 1930.

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Peu d’immigrés asiatiques s’installent alors sur l’île : la communauté chinoise martiniquaise ne dépasse pas quelques dizaines de personnes.

Ils apportent avec eux un sens aigu du travail, de l’épargne et de la famille, qui deviendront des valeurs cardinales du clan Ho Hio Hen.

Les débuts : l’épicerie des Terres-Sainville

A leur arrivée en Martinique, les Ho Hio Hen s’installent dans le quartier des Terres-Sainville, à Fort-de-France, un secteur populaire, ouvrier et cosmopolite.

C’est là que le père d’Alain, Monsieur Ho Hio Hen, ouvre une petite épicerie de quartier sur la rue Brithmer (devenue aujourd’hui avenue Jean-Jaurès).

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Ne parlant ni français ni créole à son arrivée, il apprend rapidement la langue du pays et s’intègre dans le quotidien martiniquais, jusqu’à devenir un visage familier du quartier.

Le commerce, à la fois logement et boutique, est exigu, mais vivant.

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On y vend de tout : riz, sucre, savon, tissus, outils, confiseries et produits importés.
Le comptoir devient un lieu de vie, un espace de rencontre et de confiance.
Là se forge la réputation d’une famille discrète, travailleuse et respectée.

Une enfance martiniquaise, entre rigueur et solidarité

Né en 1937 à Fort-de-France, dans le quartier ouvrier des Terres Sainville, Alain Ho Hio Hen est l’aîné d’une fratrie de douze enfants.

Très tôt, il apprend le sens du devoir : la tenue du commerce, la gestion du stock, la politesse envers les clients.

L’école occupe aussi une place importante. Élève appliqué, Alain étudie au lycée Schœlcher, haut lieu de formation de la jeunesse martiniquaise, puis à l’université. Même sans diplôme formel, il est animé par une détermination à réussir sans renier ses valeurs.

L’ascension : la fondation des Établissements Ho Hio Hen (1972)

En 1972, avec ses frères Fernand et Jean, il transforme l’épicerie familiale en créant les Etablissements Ho Hio Hen, qui deviendront un groupe majeur de la distribution aux Antilles.

Le commerce, à la fois logement et boutique, est exigu, mais vivant.
On y vend de tout : riz, sucre, savon, tissus, outils, confiseries et produits importés.

Le comptoir devient un lieu de vie, un espace de rencontre et de confiance.

Sous la direction d’Alain, le groupe se diversifie :

  • Grande distribution (alimentaire, quincaillerie, électroménager)
  • Commerce spécialisé (bijouterie, maroquinerie, informatique
  • Automobile et pièces détachées, développée notamment par sa sœur Hélène Ho Hio Hen
  • Logistique, entrepôts et transport régional

Le modèle repose sur une gestion familiale concertée : chaque membre gère une branche selon ses compétences, tout en maintenant une cohésion centrale.

Ce système, inspiré du modèle chinois du « clan » entrepreneurial, garantit stabilité et pérennité.

Un modèle d’entreprise à taille humaine

Sous son impulsion, le groupe Ho Hio Hen devient un acteur majeur du commerce martiniquais, tout en gardant une dimension familiale et humaine.

Les employés sont considérés comme des partenaires, certains travaillant plus de trente ans au sein de la société.

Magasin Ho Hio Hen à Fort-de-France, années 1990
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Dans un entretien accordé à France Antilles, Alain déclarait :« Nous n’avons jamais souhaité la position de leader. Ce que nous voulions, c’était durer et servir. »

Cette philosophie de croissance maîtrisée a permis au groupe de traverser les crises économiques des années 1980 et 1990 sans jamais perdre son indépendance.

Ouverture vers la Caraïbe

A partir des années 1990, les Ho Hio Hen s’implantent en Guyane française, puis en Guadeloupe, renforçant leur présence régionale.

Le groupe devient un modèle d’entreprise créole transcaribéenne, liant les territoires par un réseau logistique performant.

Alain veille à ce que chaque expansion respecte les mêmes principes : ancrage local, respect des collaborateurs et gestion prudente.

Loin des grands groupes métropolitains, les Ho Hio Hen s’imposent par leur crédibilité et leur constance.

Le philanthrope et la fondation

En parallèle de ses activités économiques, Alain Ho Hio Hen consacre une part importante de sa vie à la solidarité.

Alain Ho Hio Hen recevant la médaille du Mérite
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Aux côtés de son épouse Marie-Thérèse, il fonde la Fondation Ho Hio Hen, abritée par les Apprentis d’Auteuil, pour soutenir les jeunes en difficulté aux Antilles et en Guyane.

Cette structure finance des formations professionnelles, des programmes d’insertion, et favorise la réinsertion des familles fragiles.

« L’avenir d’un peuple dépend de sa jeunesse. Nous avons voulu tendre la main à ceux qui doutent encore de leur place. » — Alain Ho Hio Hen.

Cette dimension humaniste complète son image d’entrepreneur rigoureux : un homme épris de justice sociale, fidèle à la devise “Travail, respect, humilité.”

Le sport comme trait d’union

L’engagement social de la famille se manifeste aussi dans le sport.

Charles Ho Hio Hen, l’un des frères d’Alain, préside le Club Colonial, institution sportive historique de Fort-de-France.

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Les Ho Hio Hen soutiennent aussi le handball, la voile et surtout le Tour des Yoles, événement majeur du calendrier culturel martiniquais.

Leur sponsoring actif fait des 3H un nom indissociable des grandes fêtes populaires de l’île.

Disparition d’un grand homme

Le 28 août 2019, Alain Ho Hio Hen s’éteint à l’âge de 82 ans laissant derrière lui un héritage économique et humain exceptionnel.

Sa disparition émeut profondément le monde économique martiniquais.

Les hommages évoquent unanimement un chef d’entreprise discret, exigeant et juste, mais aussi un père et un mentor.

Son départ symbolise la fin d’une génération d’entrepreneurs martiniquais nés dans la sobriété et devenus bâtisseurs d’avenir.

Figure emblématique d’une communauté chinoise parfaitement intégrée, Alain Ho Hio Hen restera dans les mémoires comme un homme de vision, de fidélité et de discrétion.

Un héritage vivant

Aujourd’hui, la troisième génération Ho Hio Hen a pris la relève.

Parmi les 26 petits-enfants du fondateur, huit travaillent déjà au sein du groupe, perpétuant la tradition familiale tout en adaptant l’entreprise aux nouveaux défis : transition numérique, développement durable, et ancrage local renforcé.

Le nom Ho Hio Hen reste associé à la confiance, à la qualité de service et à l’engagement local.Le groupe continue d’évoluer dans un monde en mutation, mais fidèle à son ADN : celui d’une dynastie sino-créole enracinée dans la mémoire martiniquaise. 

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